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31 - Manuel Valls veut réformer l’islam de France

31 - Manuel Valls veut réformer l’islam de France

05-06-2015 à 21:36:37

Se forger sa propre opinion

Manuel Valls veut réformer l’islam de France (11/03/2015)

À la suite des attaques terroristes de début janvier, le premier ministre Manuel Valls a annoncé vouloir faire évoluer l’islam de France.

Qu’est-ce que l’islam de France ?

L’islam de France est l’expression utilisée par nos dirigeants politiques pour qualifier l’ensemble des personnes pratiquant la religion musulmane en France. Notre pays compte entre 5 et 6 millions de musulmans, soit 10 % de la population française. Ces musulmans appartiennent au courant sunnite et sont divisés en différentes tendances, principalement marquées par leur nationalité d’origine : la tendance marocaine, la tendance algérienne, la tendance turque, la tendance africaine et antillaise, ou leur conception de l’islam (plus ou moins traditionaliste, voire radicale).

Pourquoi une réforme de l’islam de France ?

Dans un discours prononcé le 3 mars à Strasbourg, Manuel Valls a évoqué le « défi de la place de l’islam dans notre société avec ses valeurs, l’affirmation de l’égalité hommes-femmes et le droit de croire et de ne pas croire». Pour lui, l’islam en France doit s’adapter aux valeurs de la République française (la liberté, l’égalité, la fraternité, auxquelles se joint la laïcité - voir Actuailes n° 27) et les respecter.

Par cette réforme, le premier ministre souhaite éviter l’apparition d’extrémistes islamistes dans notre pays, comme l’étaient les frères Kouachi ou Amédy Coulibaly, auteurs des attaques terroristes du mois de janvier.

Quelles sont les mesures proposées pour mener à bien cette réforme ?

Manuel Valls a annoncé la mise en place de plusieurs mesures dans le cadre de cette réforme de l’islam de France.

Tout d’abord, le premier ministre estime que le Conseil français du culte musulman (CFCM*) n’est pas assez représentatif de la diversité des courants existants en France. Il veut donc le réformer pour qu’il puisse pleinement jouer son rôle de représentation. La nouvelle organisation devrait être mise en place cet été et se réunira deux fois par an autour du premier ministre.

Ensuite, certains imams* présents dans notre pays viennent d’un pays étranger, ne cherchent pas forcément à s’intégrer dans la société française, ne parlent pas du tout français, prêchent en arabe et tiennent un discours opposés à nos valeurs. Manuel Valls souhaite donc former en France des « imams français, francophones, qui aiment la France et adhèrent à ses valeurs qui sont aussi des valeurs universelles ». Pour lui, « la formation est la clé d’un islam qui se construit en France, en toute indépendance, libéré d’influences néfastes ». Par ces paroles, le premier ministre dénonce le financement, par certains pays musulmans (Qatar, Arabie Saoudite…), de la construction de mosquées ou de certains imams pour qu’ils viennent prêcher en France.

*CFCM : le Conseil français du culte musulman a été créé en 2003. Cette association a pour mission de représenter les musulmans de France dans le dialogue avec le gouvernement sur les sujets suivants : la construction des mosquées, le marché des aliments halal*, la formation de certains imams, la mise en place d’aumôniers musulmans dans les prisons et l’armée. Il essaye également de coordonner les dates des fêtes religieuses, notamment celles du ramadan.

*imam : dans la religion musulmane, un imam est une personne qui dirige la prière faite en commun. Il est désigné par la communauté.

*halal : halal signifie ce qui est permis par l’islam. Par exemple, les poissons sont halal, mais pas la viande de porc. Pour que les autres viandes soient qualifiées d’halal, il faut que la manière de préparer et tuer les animaux respectent certaines règles.

Le savais-tu ?

Il y a deux courants majoritaires dans l’islam : le chiisme et le sunnisme. L’islam de France est sunnite. La particularité de ce courant est qu’il n’y a pas de hiérarchie dans le clergé (contrairement au chiisme, ou à l’Église) : chaque imam est autonome. C’est pourquoi le CFCM a été créé pour qu’un dialogue avec le gouvernement puisse être instauré.

Pour aller plus loin

Lors de son discours, Manuel Valls a critiqué énergiquement « la montée de l’islamisme radical et la montée de l’extrême droite […] deux dangers majeurs qui se nourrissent l’un de l’autre. […] La seule réponse, c’est la laïcité ». Selon lui, si l’islam de France effectue les réformes qu’il propose, cette religion devrait être mieux acceptée par la population française et le Front national aurait moins de succès qu’il n’en rencontre actuellement.

En échange des moyens que la République va mettre à disposition de l’islam de France pour cette réforme, le premier ministre a invité « l’islam de France à se prendre en main et à faire son examen de conscience ». Cela signifie que cette religion doit participer à cette réforme et ne pas laisser le gouvernement tout faire.

Enfin, Manuel Valls a affirmé que « jamais, l’État ne s’occupera de théologie et ne prendra le contrôle d’un culte ». Par cette phrase, le premier ministre rassure les musulmans et également les partisans de la laïcité : l’État s’occupe uniquement du mode de fonctionnement et de la compatibilité d’une religion avec les valeurs de la République, mais il n’entrera pas dans le détail de ce qu’il faut croire ou ne pas croire.

Que penser de cette réforme ?

Le rôle de l’État est de permettre de vivre ensemble dans la même société et sur le même territoire. Pour cela, il assure notamment la sécurité et la liberté de culte. Le risque de la réforme de l’islam de France, qui semble nécessaire, réside dans l’interprétation et l’adhésion des musulmans de France : certains d’entre eux pourraient y voir une intrusion de l’État dans leur foi, d’autres pourraient y adhérer. La question de fond est la suivante : l’islam est-il simplement une religion (qui se distingue du pouvoir politique comme la religion catholique) ou le mélange entre une religion et un système politique ? Si c’est le premier cas, la réforme pourrait être efficace. Si c’est le deuxième cas, la réforme sera un échec.


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