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La liberté d’expression et le cas Médine

La liberté d’expression et le cas Médine

19-06-2018 à 21:47:00

Le rappeur Médine chantera-t-il au Bataclan en octobre prochain ? Depuis quelques jours, les politiques s’opposent sur ce concert. Certains exigent l’annulation de l’événement au nom du respect de la mémoire des victimes du Bataclan du 13 novembre 2015 quand d’autres (moins nombreux) invoquent le respect de la liberté d’expression qui devrait permettre à Médine de chanter ses textes.

 

Pour comprendre le débat, il faut d’abord savoir pourquoi Médine est tant décrié. Ce rappeur, originaire du Havre, chante depuis environ 2004.

Certains textes abordent la question de la place des musulmans en France, mais aussi de l’islam en utilisant des termes extrêmement polémiques faisant penser à une proximité du rappeur avec les thèses de l’islam fondamentaliste.

Médine est également membre d’une association appelée Havre Savoir, association proche des Frères musulmans, qui est un mouvement international dont l’objectif officiel est l’instauration dans le monde de républiques islamistes.

Compte tenu du personnage, il peut donc être choquant de l’imaginer chanter au sein d’une salle de concert marquée par les attentats islamistes de 2015. C’est donc au nom de ces considérations morales que de très nombreuses personnes réclament l’annulation de ce concert.

Mais, cette position ne fait pas l’unanimité. En effet, certaines personnes défendent Médine en invoquant la liberté d’expression, droit fondamental reconnu par l’ONU dans sa déclaration universelle des Droits de l’homme de 1948 qui prévoit en son article 19 : « Tout individu a droit à la liberté d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelques moyens d’expression que ce soit. »

Au nom de ce principe reconnu par tous les États démocratiques, chacun de nous a la possibilité d’affirmer ses opinions et ses idées et ce même si elles sont contraires à celles exprimées par une majorité d’autres personnes.

Cette liberté est très ancienne, car déjà Voltaire écrivait : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire. » Si on applique ce principe, régulièrement rappelé en France, alors Médine aurait parfaitement le droit de chanter ses textes, même les plus dérangeants.

Mais la liberté d’expression n’est pas absolue. En effet, comme toute liberté, il existe aussi des limites.

Par exemple, en France, les propos racistes ou encore les appels au meurtre, à la haine, au terrorisme, à la violence sont punis par le Code pénal par des amendes, des interdictions de publier des textes et même, dans les cas plus graves, par des peines de prison.

C’est d’ailleurs en raison de ces limites que les spectacles de Dieudonné ont été annulés, il y a quelques années, et que celui-ci a été condamné à de la prison avec sursis. En effet, Dieudonné faisait chaque soir, de façon très explicite, l’apologie du terrorisme.

Pour l’instant, aucune décision n’a été prise concernant le concert de Médine. Le ministre de l’Intérieur ne semble pas savoir, pour le moment, s’il compte intervenir et annuler cet événement. La polémique n’est donc peut-être pas terminée…

 

Virginie Terrier

Actuailes n° 87 – 20 juin 2018

 

 


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