Le monde politique s’agite ces dernières semaines à propos de l’interdiction du glyphosate, un herbicide très utilisé mais soupçonné d’être toxique pour l’homme. L’interdiction n’a finalement pas été inscrite dans la loi après de nombreux rebondissements. Quelle est donc cette substance et comment agit-elle ?
Le nom de glyphosate est une abréviation du nom des molécules chimiques dont il est constitué : glycine et méthylphos-phonique. Cette molécule a été découverte en 1950 en Suisse dans le cadre de recherches pharmaceutiques, mais sans lui trouver d’application.
Quelques années plus tard, c’est la société Monsanto (un très grand groupe américain de chimie pour l’agriculture) qui constate que cette molécule est un herbicide efficace. Le glyphosate détruit sans distinction toutes les plantes sans rendre infertile le sol qui peut accueillir rapidement de nouvelles semences. Peu onéreux et facile à fabriquer, le glyphosate est alors intégré dans un désherbant nommé Roundup qui devient rapidement le plus utilisé au monde.
Pour désherber, le glyphosate agit sur le fonctionnement particulier des plantes pour créer les protéines indispensables à la vie. Pour tout le vivant, ces protéines sont synthétisées à partir d’acides aminés que les animaux se procurent par leur alimentation, alors que les plantes les génèrent grâce à une suite de réactions chimiques.
Cet ensemble de réactions chez la plante s’appelle « la voie du shikimate ». Une des étapes met en jeu une réaction qui se fait trop lentement pour répondre au besoin de la plante. Elle nécessite la présence d’une enzyme, une molécule présentant une cavité (appelée « site actif ») dans laquelle la réaction peut se faire rapidement. C’est cette enzyme qui est la cible du glyphosate. Ce dernier vient occuper cette cavité de l’enzyme l’empêchant d’aider la réaction (phénomène appelé « inhibition compétitive »). La synthèse de protéines est ainsi bloquée et la plante meurt.
Le glyphosate n’agit donc, en théorie, que sur les plantes mais on peut s’interroger sur d’autres effets non désirés sur les animaux. Le débat fait donc rage entre ceux qui vantent les qualités du glyphosate pour l’agriculture (qui permet d’éviter, par exemple, de labourer et ainsi d’abîmer le sol pour désherber) et ceux qui l’accusent d’être à l’origine de cancers chez l’homme.
Benjamin Romillons
Actuailes n° 87 – 20 juin 2018
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