Le prix du litre de gasoil atteint des niveaux sans précédent. La mobilisation s’organise dans le pays, pour contester les hausses fiscales, qui n’expliquent pas à elles seules ce phénomène.
La grogne monte crescendo depuis quelques semaines. Plusieurs grandes manifestations sont prévues dans le pays le 17 novembre. Les automobilistes dénoncent la flambée des prix du carburant en France : + 23 % pour le gasoil et + 16 % pour l’essence SP 95 en un an. Le prix à la pompe pour ces deux carburants atteint 1,50 € le litre, un impact non négligeable sur le budget des consommateurs et des entreprises.
Plusieurs raisons expliquent cette hausse. Le taux de change euro/dollar peut fournir une première explication. L’euro est actuellement plus faible face au dollar, monnaie qui définit le cours du pétrole et donc le prix du baril sur la scène internationale ; les importations de pétrole sont, de fait, plus coûteuses.
Le prix du baril peut aussi évoluer en fonction des tensions géopolitiques qu’illustre actuellement l’embargo américain sur les produits pétroliers iraniens ou l’entente des pays exportateurs de pétrole à limiter leur production. Offre limitée + demande en croissance = hausse du prix du baril : 85 $ en octobre 2018 contre 60 $ en octobre 2017.
Enfin, dernier facteur, la hausse des taxes gouvernementales, qui ont augmenté de quatre centimes pour le SP 95 et de sept centimes pour le gasoil en 2018. Il s’agit de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et la taxe intérieure de consommation de produits énergétiques (TICPE). Elles représentent aujourd’hui environ 60 % du prix du carburant au litre. Le prix du litre de Brent (pétrole brut, non raffiné) représente environ 25 % ; la part restante représente la marge des pétroliers, qui couvre les coûts de raffinage et de distribution et le bénéfice des sociétés pétrolières.
De nouvelles hausses sont à prévoir en 2019, jusqu’en 2022, l’objectif pour le gouvernement étant de rendre l’essence moins chère que le gasoil car moins polluante. L’enjeu stratégique du pouvoir exécutif est de financer, à travers ces hausses fiscales, la transition énergétique. L’État est, en effet, le principal bénéficiaire de la TICPE, avec une recette prévisionnelle en 2018 de 13 milliards d’euros.
Mikaël de Talhouët
Actuailes n° 91 – 14 novembre 2018
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