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Les blouses blanches dans la Grande Guerre

14-11-2018 à 07:11:37

Nous commémorons le centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale. Cette période terrible a bouleversé toute la société, y compris le corps médical : devant les blessures profondes et le nombre de blessés causés par une artillerie plus efficace et meurtrière, des progrès considérables ont été réalisés dans les soins. En voici quelques exemples.

Le dakin : inventé par le chimiste anglais Henry D. Dakin et le chirurgien militaire français qui a obtenu le prix Nobel de médecine en 1912, Alexis Carrel, pour traiter les plaies de guerre, le dakin permettait de les désinfecter efficacement et d’éviter la gangrène. Il est fabriqué à partir d’eau de Javel diluée et est encore utilisé aujourd’hui.

La transfusion sanguine : c’est le fait de pouvoir apporter du sang par perfusion à une personne qui en a beaucoup perdu. Sinon celle-ci se met en état de choc et meurt. Avant la Première Guerre mondiale, les transfusions sanguines étaient faites d’homme à homme, on ne savait pas transporter le sang sans qu’il coagule (qu’il se transforme en « croûte »), on prélevait le sang et on l’injectait sur place. Mais Albert Hustin, un médecin belge, s’est penché sur le problème et a découvert que le citrate de soude ajouté au sang empêchait la coagulation. Le sang était prélevé loin du front, auprès de personnes plus nombreuses, et pouvait être transporté vers les zones de combat. Une autre découverte majeure pour la transfusion avait été faite quelques années avant la guerre par Karl Landsteiner : les groupes sanguins. Il a montré qu’il existait différents groupes de cellules sanguines – A, B, AB, O – et que l’on ne pouvait pas recevoir ou donner le sang n’importe comment : il faut que les groupes soient compatibles.

La chirurgie maxillofaciale : les obus, les tirs provoquent d’affreuses blessures au visage, pour ceux qu’on appelle « les gueules cassées ». C’est un immense défi pour les médecins et la devise qui l’illustre le mieux est celle des chirurgiens américains : The right to look human ou « le droit d’avoir une apparence humaine ». Pour réparer les parties arrachées, ils réalisent des greffes de périoste : ils prélèvent l’extérieur d’un os et l’implantent dans la plaie. L’os va pousser pour remplacer ce qui manque. Le professeur Dufourmentel parvient à prélever de la peau du crâne pour en greffer sur le visage, ce qui est très bien toléré par l’organisme. La greffe « italienne » consiste, pour reformer un menton ou un nez, à le coller à un bras qu’on a ouvert, jusqu’à ce que la chair ait repoussé et qu’on puisse séparer les deux organes. Bref, les chirurgiens rivalisent d’ingéniosité pour aider les poilus !

La radiologie : en 1895, le physicien allemand Wilhelm Röntgen découvre les rayons X et pratique la première radiographie. Pendant la guerre, Marie Curie se rend sur le front et, avec l’aide de la Croix-Rouge, fait circuler environ trois cents ambulances équipées d’appareil de radio, les « petites Curies », pour soigner les soldats sur le front. Elles permettront d’en prendre en charge environ un million.

Enfin, c’est pendant les deux guerres mondiales que se développent les premières unités de psychiatrie « d’urgence » : le professeur Salmon, psychiatre américain, recommande en effet que les traumatismes psychiques (de la pensée, des émotions) soient traités immédiatement, sur place. La psychiatrie se développe beaucoup pendant cette période, de nombreux soldats sombrant dans la folie, ayant des angoisses terribles ou des dépressions causées par la violence de ce qu’ils affrontent.

L’horreur de la guerre fait émerger ce qu’il y a de pire, mais aussi d’héroïque chez les hommes. Parmi les héros, n’oublions pas que certains portaient des blouses blanches.

Anne-Sophie Biclet

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 D’un combatà l’autre, de Béatrice Nicodème,
Actuailes n° 16.

Actuailes n°91 - 14 novembre 2018


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