L'artiste ne nous montre pas directement la violence extrêmede la guerre. Elle est suggérée parla gigantesque explosion qui entraîne vers le ciel des projections de pierres et de feu. Souvent, dans la furie des combats, ce n’était pas un seul projectile qui tombait sur le champ de bataille, mais une pluie continue. L’artiste simplifie la réalité,mais cette image suffit à nous faire comprendre la situation sans en masquer la dureté.
De paysage, il n’y en a pas. La terre est dévastée par les obus, tombés les uns après les autres, ne laissant rien après leur passage. Des cratères et des bosses forment un nouveau site sans vie, comme une terre martyrisée. Seul un arbuste, aux pauvres branches noircies et sans feuilles, reste debout, sur la ligne d’horizon.
Est-ce le jour ? La nuit ? Le ciel est-il assombri par la terre que soulève la bombe ou la nuit est-elle éclairée par le feu ? La gravure1, en noir et blanc, sans nuances, ne nous permet pas de le savoir. Même ce qui devrait être le plus évident ne l’est plus dans les combats.
La présence humaine se limite à quelques demi-cercles suggérant les casques des combattants et de simples traits pour figurer les fusils et leurs baïonnettes. Ces fines lignes sur un fond clair, face à la densité et à l’épaisseur du reste du dessin, suggèrent la fragilité humaine.
Ces armes, comme elles apparaissent dérisoires face à la puissance des engins explosifs ! Les combattants, sans visage, sont terrés dans les tranchées mais sont prêts à se battre.
Dans cet enfer, l’homme a presque disparu face au déluge de feu.
Sophie Roubertie
Actuailes n°91 - le 14 novembre 2018
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