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Gilets jaunes, colère noire

Gilets jaunes, colère noire

27-11-2018 à 22:04:00

La colère des gilets jaunes fait la une de l’actualité et touche tout le pays.

Un vrai succès

Le 17 novembre, pour le premier acte, plusieurs centaines de milliers de Français ont enfilé leur gilet jaune et se sont rassemblés pour protester contre les hausses de prix du gasoil. Autoroutes, ponts, ronds-points, accès aux centres commerciaux : ils étaient nombreux et bloquaient souvent la circulation. Même si certains conducteurs se sont énervés et ont forcé les barrages, l’ambiance était généralement bon enfant. Beaucoup de barrages ont été maintenus durant la semaine suivante.

L’acte 2 a eu lieu le samedi 24 novembre. Il a été marqué par de nombreuses manifestations en province. Mais l’attention a été retenue par le rassemblement des Champs-Elysées à Paris, où des centaines de gilets jaunes ont affronté des CRS. Depuis quinze jours, on dénombre malheureusement deux morts et plusieurs centaines de blessés. Les gilets jaunes sont encouragés par huit Français sur dix. De nombreux automobilistes affichent leur soutien en mettant à l’avant de leur voiture un gilet jaune.

Les hausses des taxes sur le gazole ont été le détonateur. En effet, de nombreux Français ont du mal à boucler leur budget et cette augmentation aggrave la situation pour tous ceux qui travaillent loin de chez eux ou qui utilisent du diesel pour leur métier (agriculteurs, artisans, taxis, camionneurs, ambulanciers…). Mais quand on interroge les gilets jaunes, on se rend compte que les raisons de la colère sont nombreuses et variées : hausses des impôts, passage à 80 km/h sur les routes, radars automatiques, baisse des retraites, crise de l’agriculture et de la pêche, arrivée massive de migrants… En fait, un sentiment de ras-le-bol apparaît chez ces Français qui se sentent méprisés et volés par le gouvernement.

Quelle suite ?

Pour l’instant, même s’il dit comprendre cette colère des Français, le gouvernement ne souhaite pas prendre en compte les demandes des gilets jaunes. Le Premier ministre et son ministre de l’Intérieur ont aggravé la colère des manifestants en affichant leur fermeté, voire leur mépris. Ils ont parfois décrit les gilets jaunes comme des gens violents, dangereux et peu intelligents, avec l’appui de certains journalistes et médias. Très discret sur le sujet, le président Macron s’est aligné sur son Premier ministre mais a déclaré vouloir établir un dialogue. Et ce mardi 27 novembre, il a également annoncé que les taxes sur l’essence pourraient baisser si le prix d’achat du pétrole montait.

Le mouvement des gilets jaunes pourrait sembler très fragile en raison de la diversité de ses membres, de son absence de chef charismatique et de son manque d’organisation. Localement, il pourrait s’accompagner de violences, comme ce fut le cas sur l’île de la Réunion ou sur les Champs-Élysées. De plus, il pourrait avoir des conséquences économiques négatives, en décourageant les gens d’aller faire leurs courses de Noël dans des centres commerciaux qui seraient bloqués. Mais le mouvement semble toutefois être amené à durer, particulièrement en province et dans les campagnes, surtout si le gouvernement ne cherche pas à l’entendre. Il pourrait également évoluer en abandonnant les blocages de routes, pour ne plus embêter les Français qui vont travailler. Les barrages près des centres commerciaux pourraient également disparaître afin de permettre aux commerçants de travailler et aux gens de faire leurs courses de Noël. Ces actions seraient remplacées par le blocage des ports, préfectures ou encore centres des impôts. Mais attention, des voyous pourraient également en profiter pour se mêler à eux et créer du désordre.

L’acte 3 devrait avoir lieu le 1er décembre, avec en perspective une nouvelle manifestation qui s’annonce tendue sur les Champs-Élysées, tant la colère semble forte chez les gilets jaunes qui, pour beaucoup, demandent maintenant la démission du président. Peut-être espèrent-ils que la citation de Gandhi s’appliquera à leur mouvement : « D’abord ils vous ignorent, ensuite ils se moquent de vous, après ils vous combattent et enfin vous gagnez. »

Quelle que soit sa suite, il est en revanche sûr que ce mouvement des gilets jaunes laissera des traces pour les années à venir et que les prochaines semaines seront déterminantes pour apaiser cette colère.

 

Qui sont-ils ?

Ce mouvement spontané n’est encadré 
par aucun syndicat, ni parti politique. 
Généralement issus des classes populaires 
et moyennes, c’est-à-dire les Français qui gagnent moins de 2000/2500 euros par mois, et même souvent beaucoup moins. On compte beaucoup de retraités et de femmes. Les régions les plus actives 
sont le nord, l’est et le sud de la France. 
Les campagnes sont aussi très mobilisées, 
à l’inverse de Paris et des grandes villes.

 

Julien Magne

 Actuailes n° 92 – 28 novembre 2018


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