facebook logo Twitter logo

facebook logo Twitter logo

Logo Header
Télécharger dernier numéro

Venezuela : la crise prend une ampleur internationale

06-02-2019 à 06:19:35

« Liberté ! Liberté ! Liberté ! » d’un côté ; « Gringo, hors de ma patrie » de l’autre… 
Samedi 2 février, deux manifestations opposées ont rassemblé des dizaines de milliers de personnes dans les rues de Caracas, la capitale du Venezuela. Retour sur une crise politique qui ne cesse de prendre de l’ampleur.

 

Chronologie de la crise politique

2013 : À la mort du président de la République Hugo Chavez, Nicolas Maduro, vice-président, devient président par intérim. La même année, il remporte les élections présidentielles et devient ainsi président de la République du Venezuela.

2014 : Une importante crise économique débute, causée par la baisse du prix du pétrole dont dépend le Venezuela. Elle s’avère source de grande pauvreté, de pénurie d’aliments et de médicaments pour une partie de la population et a conduit à la dévaluation de la monnaie locale, le bolivar vénézuélien, qui ne vaut presque plus rien.

2015 : Victoire du parti d’opposition (contre Maduro) aux élections législatives.

2017 : Les manifestations contre le président Maduro sont sévèrement réprimées, faisant plus de cent vingt morts. La même année, 600 000 Vénézuéliens quittent leur pays dans l’espoir de trouver ailleurs une vie meilleure.

Mai 2018 : Nicolas Maduro est réélu président de la République à la suite d’élections contestées par une partie de la population et de certains observateurs internationaux (la candidature des partis opposés à Nicolas Maduro était interdite, certaines urnes furent remplies de faux bulletins et le décompte des bulletins de vote s’est fait de manière irrégulière).

10 janvier 2019 : Maduro prête serment pour débuter son deuxième mandat. Ce même jour, le jeune chef de l’opposition, Juan Guaido, 35 ans, conteste ce mandat et dénonce l’usurpation de Maduro.

13 janvier : Guaido est arrêté par les services de renseignement vénézuéliens, alors que le gouvernement se défend d’en être responsable.

21 janvier : Un appel à la rébellion est lancé par vingt-cinq militaires qui sont aussitôt arrêtés. Une manifestation de soutien éclate tandis que l’Assemblée nationale est déclarée illégitime.

22 janvier : Donald Trump apporte son soutien à Juan Guaido. En réaction, Maduro dénonce une tentative de coup d’État fomentée depuis l’étranger et décide de rompre les relations diplomatiques avec les États-Unis.

23 janvier : des manifestations pro et anti-Maduro éclatent et sont le théâtre d’affrontements violents. Juan Guaido s’auto-proclame président de la République par intérim.

24 janvier : l’armée vénézuélienne annonce maintenir son soutien à Maduro, rejetant ainsi l’auto-proclamation de Guaido. En même temps, des manifestations de soutien à Guaido sont réprimées par les forces de l’ordre. Au total, vingt-six morts seraient à déplorer et plus de trois cent cinquante manifestants auraient été arrêtés.

La crise s’amplifie

De nombreux pays prennent position sur cette crise politique de grande ampleur. Ainsi, le 26 janvier, le Parlement européen (les députés des vingt-huit pays membres de l’Union européenne) annonce reconnaître Juan Guaido comme président par intérim légitime.

En parallèle, six pays européens (Espagne, France, Allemagne, Royaume-Uni, Portugal, Pays-Bas) lancent un ultimatum à Maduro : s’il ne convoque pas des élections présidentielles avant le 4 février, ces pays reconnaîtront Guaido comme président légitime du Venezuela. Le président vénézuélien rejette vigoureusement cet ultimatum.

Le 31 janvier, l’opposition descend dans la rue pour réclamer le ralliement des militaires à Juan Guaido. Pendant ce temps, Maduro, soutenu par la Russie, la Chine, la Turquie, Cuba et la Corée du Nord, propose d’organiser des élections législatives anticipées, alors que les États-Unis décident de lui infliger des sanctions économiques.

Le 2 février, les partisans de Guaido manifestent pour demander à nouveau la démission de Maduro. Le chef de l’opposition a appelé à maintenir la pression jusqu’à obtenir gain de cause. Une nouvelle manifestation devrait avoir lieu le 12 février. En parallèle, d’autres manifestants, soutiens de Maduro, ont également défilé dans la rue. Le président en place a dénoncé le « plan macabre » des États-Unis.

Cette situation politique complexe trouve son origine dans la grave crise économique qui frappe le pays depuis 2014. En raison de grandes difficultés pour se nourrir et se soigner, 2,3 millions de Vénézuéliens ont quitté le pays en quatre ans.

Comment la situation 
peut-elle évoluer ?

Cela dépendra en partie de l’armée qui est un des piliers du Venezuela. Si elle décide de se rallier à Guaido, Maduro ne devrait pas pouvoir rester longtemps au pouvoir.

Avec un peu de recul…

Au-delà de la situation propre à ce pays, nous pouvons remarquer que « deux camps » s’opposent : les pays occidentaux (les États-Unis, le Canada et les pays européens) d’un côté et la Russie, la Chine, la Turquie de l’autre.

Il est intéressant de noter que cette division du monde est la même au sujet de la guerre en Syrie et en Irak ou par rapport à la Corée du Nord : cela donne l’impression que chacun des deux « camps » utilise toute occasion pour affaiblir la partie adverse.

Enfin, derrière les soutiens des uns et des autres, il n’est pas exclu que bon nombre de pays soient intéressés par les grandes richesses pétrolières du Venezuela et espèrent voir la victoire de Maduro ou Guaido pour pouvoir signer d’intéressants contrats par la suite.

 

François Senlis

 

Actuailes n° 95 – 6 février 2019

 

 

 


venezuela maduro guaido
0 vote


Imprimer