Mon cher Joseph,
« Si j’avance, suivez-moi, si je recule, tuez-moi, si je meurs, vengez-moi ! » : ces mots retentissent encore en moi alors que la mort, cruelle, vient de nous prendre notre glorieux général en chef. Tué à même pas 22 ans alors qu’il tendait une embuscade aux Bleus qui voulaient incendier le bourg de Nuaillé…
Mort si jeune… et pourtant, quelle vie bien remplie ! Quel exemple pour vous tous qui voulez défendre votre foi et vos terres et qui représentez l’avenir de la Vendée !
Déjà, il y a deux ans, lors de l’assaut du palais des Tuileries par les révolutionnaires, il avait fait montre d’une grande bravoure pour défendre le roi, en tant que deuxième lieutenant de la Garde. Puis, nous sommes allés le chercher dans ses terres, à la Durbellière, afin qu’il prenne la tête du soulèvement vendéen et il ne s’est pas dérobé, malgré son jeune âge !
Après la victoire des Aubiers, qui donna un nouveau souffle aux armées royalistes, il prit part au combat de Beaupréau, à la suite duquel les républicains, refoulés au-delà de la Loire, restèrent pendant trois mois sans s’avancer dans le pays insurgé. Je me souviens de la consternation qui se répandit à Angers, à Saumur et à Nantes ! À l’attaque de Thouars, en mai, juché sur les épaules de l’un des siens, il tira sur les assiégés, et tandis qu’on rechargeait ses armes, arracha de ses mains les pierres des murailles et commença la brèche : toute l’armée républicaine mit bas les armes et se rendit !
À l’attaque de Saumur, le 8 juin, il monta le premier à l’assaut et, emporté par sa bouillante ardeur, le sabre à la main, sa carabine en bandoulière, suivi d’un seul officier, s’élança à la suite des fuyards, abattit lui-même plusieurs soldats républicains et renversa à ses pieds, d’un coup de sabre, un dragon qui, arrivé sur lui le pistolet à la main, venait de le manquer.
La prise de Saumur fut notre exploit le plus étonnant. En cinq jours de combats, nous avions fait des milliers de prisonniers, pris des pièces de canon et des munitions considérables.
Dans toutes les circonstances, même dans les défaites qui suivirent et abandonné par beaucoup, il se montra intrépide, généreux et doué d’un grand bon sens : nous lui étions dévoués corps et âme.
Sa mort nous laisse orphelins, mais son souvenir restera à jamais gravé dans nos mémoires.
Requiescat in pace !
Jacques
Clio
Actuailes n° 95 – 6 février 2019
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