L’Algérie est actuellement en proie à d’importantes manifestations qui menacent de déstabiliser ce pays du Maghreb : le week-end dernier, malgré les craintes de répression, des dizaines de milliers de personnes ont encore défilé dans les rues d’Alger pour protester contre le président Abdelaziz Bouteflika.
Bouteflika dirige le pays depuis vingt ans et compte se représenter aux prochaines présidentielles malgré ses 82 ans et une maladie qui l’empêche d’exercer le pouvoir depuis plusieurs années – au point que beaucoup pensent qu’il ne sert plus que de marionnette aux mains des autres dirigeants de son parti, le FLN.
En effet, depuis le départ des autorités coloniales françaises en 1962, le pouvoir est monopolisé en Algérie par un parti unique, le FLN, qui a instauré un régime dictatorial de type socialiste. Depuis cette époque, les membres de l’élite au pouvoir se partagent les revenus du pétrole et du gaz dont le Sahara est très riche, ainsi que des principales entreprises du pays.
Pourquoi ces événements sont-ils importants pour l’Europe ? Tout d’abord parce que le président Bouteflika se trouve depuis une semaine en Suisse, pour se faire soigner dans un hôpital moderne, comme il le fait régulièrement à Paris depuis des décennies.
Ensuite parce que les pays d’Europe, et surtout la France, abritent une importante population algérienne de plusieurs millions de personnes, qui se sent concernée par les événements actuels au point d’organiser des manifestations à Paris ainsi qu’à Bruxelles.
Enfin, parce que l’Algérie est un gros fournisseur de gaz pour l’Union européenne ; sa stabilité politique est donc importante pour la sécurité énergétique de nos pays.
Mais surtout parce que la population algérienne est en très forte augmentation : le pays compte 41 millions de personnes dont la moitié a moins de 19 ans. Dans un pays très jeune, dans lequel le chômage est important, où l’économie est asphyxiée par une minorité dirigeante corrompue, la population est en colère et ne voit souvent de salut que… dans l’immigration vers l’Europe.
Or, les réseaux islamistes et terroristes sont très présents en Algérie et ils pourraient profiter des troubles actuels pour renforcer leur pouvoir local, voire déclencher des guerres civiles comme ce fut le cas lors des Printemps arabes qui ont ensanglanté la Tunisie, la Libye l’Égypte et la Syrie dès décembre 2010.
Si la situation devait dégénérer, l’Europe connaîtrait alors probablement à nouveau des mouvements massifs d’immigration depuis la Méditerranée. C’est ce qui rend la situation de l’Algérie si sensible pour l’Europe.
Siegfried
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