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Une nouvelle loi pour l’école

Une nouvelle loi pour l’école

06-03-2019 à 06:54:00

Présentée par le ministre Jean-Michel Blanquer, la loi pour l’école a été adoptée 
le 19 février 2019 par les députés. Cette loi doit désormais être présentée au Sénat.

Les objectifs de cette loi

Venant compléter d’autres mesures (réforme du bac, Parcoursup), cette loi vise à élever le niveau général des élèves et à permettre à chaque élève, quelle que soit son origine sociale, d’avoir des chances de réussite. Elle concerne essentiellement le primaire.

En effet, de nombreuses enquêtes viennent confirmer la baisse de niveau des écoliers français sur les savoirs de base : lire, écrire et compter. Par exemple, une enquête interna-tionale de décembre 2017 soulignait que la France ne comptait que 4 % de très bons lecteurs en CM1, contre 26 % pour la Russie, 20 % pour l’Angleterre et une moyenne mondiale de 10 %. La France est même dépassée par les Émirats arabes unis ou Trinité et Tobago. Il ressort également de cette étude que les instituteurs français sont les moins nombreux à être très satisfaits de leur travail, que seulement 43 % des enfants sont très attachés à leur école et 44 % des parents très satisfaits de la scolarité. Enfin, en 2019, 17 % de jeunes Français de 15 à 29 ans sont sans diplôme, ni formation, ni emploi. Et un tiers des élèves sont considérés en échec scolaire, alors qu’ils ont passé 11 000 heures à l’école entre 3 et 18 ans.

Pourtant, notre pays a une vieille tradition d’instruction de qualité et y consacre des moyens considérables. Ainsi, les 12 millions d’élèves du primaire, des collèges et lycées sont encadrés par 861 000 enseignants. Le budget de l’Éducation nationale est le premier de l’État avec plus de 50 milliards d’euros. Les dépenses totales d’éducation atteignent même 137 milliards, ce qui correspond à plus de 2 100 euros par habitant. Alors comment remédier à ce décrochage entre les moyens dépensés et les résultats ?

Les mesures phares

L’âge de l’instruction obligatoire sera abaissé à 3 ans, contre 6 ans aujourd’hui. De plus, le texte rappelle le devoir d’exemplarité des professeurs vis-à-vis de leurs élèves et le nécessaire respect des élèves pour leurs professeurs. Ensuite, des surveillants pourraient donner des cours et la formation des professeurs devrait être repensée. Enfin, de nouvelles écoles internationales pourraient ouvrir et des innovations voir le jour au niveau local : utilisation des outils numériques, répartition des heures de cours… À la campagne, certaines écoles primaires pourraient être regroupées avec des collèges. D’autres sujets, moins évidents au vu des enjeux de niveau scolaire, ont également été discutés, au point de tenir le devant de la scène. Il s’agit tout d’abord de placer un drapeau français et européen dans chaque classe. En outre, certains députés voulaient remplacer les termes de « père » et « mère » par « parent 1 » et « parent 2 » afin d’inclure les familles dont les parents sont homosexuels dans les papiers administratifs.

Que penser ?

Finalement, il semble ressortir de ce texte un vrai décalage entre des enjeux très importants et des propositions, très modestes. Ainsi, la principale mesure du projet est l’obligation d’instruction à 3 ans. Or, elle ne concerne finalement que très peu d’enfants, 20 000, car 97 % des petits de 3 ans vont déjà à l’école. Quand on se penche sur les activités réalisées en petite section, on a du mal à imaginer que cela va considérablement améliorer les capacités de lecture ou d’écriture des petits Français. De plus, cela prive les parents d’une certaine liberté, en particulier vis-à-vis du rythme de leurs enfants, dont certains sont encore petits et pourraient utilement rester encore une ou deux années à la maison.

D’une manière générale, ce texte laisse d’ailleurs très peu de place aux parents, qui sont pourtant les premiers éducateurs – et donc les principaux facteurs de réussite de leurs enfants. On peut également remarquer que ce texte de loi s’appuie peu sur les autonomies et initiatives locales, et que la réforme de la formation des professeurs pourrait faire craindre une baisse de leur niveau. Enfin, les grands absents sont la filière technique, pourtant en crise et tellement nécessaire pour notre pays, et les enfants en difficultés avec les apprentissages scolaires. Cette loi ne serait-elle pas une montagne accouchant d’une souris à l’heure où l’urgence de réforme est pourtant soulignée ? Espérons qu’elle puisse encore être améliorée avant son vote final.

 

Julien Magne

 

Actuailes n° 96 – 6 mars 2019

 

 

 


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