Huawei, numéro 2 mondial des équipementiers téléphoniques, est interdit à l’achat aux États-Unis dans les secteurs stratégiques (gouvernement, armée, agences fédérales) et fait face à plusieurs poursuites judiciaires.
Que lui reproche-t-on exactement ? Depuis deux mois, la société est critiquée violemment pour sa proximité avec le gouvernement chinois – son président est un ancien militaire. De hauts responsables américains laissent entendre que Huawei espionne les pays utilisant ses équipements.
Comment se passent les échanges d’informations ?
La part d’informations échangées par les réseaux téléphoniques ne cesse de croître. Entre le téléphone et les antennes, l’information est transportée par radio. Elle est ensuite envoyée par câble (le plus souvent de la fibre optique). L’équipementier fournit aux opérateurs des armoires de brassage qui permettent d’envoyer le signal vers l’antenne la plus proche du correspondant, ainsi que des serveurs permettant d’apporter des services (calcul des factures, présentation du numéro…).
Ces serveurs « voient » donc la totalité des conversations et peuvent capturer et analyser les informations échangées. C’est d’ailleurs une obligation pour les opérateurs de mettre en place des appareils de surveillance automatisée. Mais, en général, cette surveillance est uniquement nationale, interne, et sert à garantir la sécurité.
Il a été prouvé l’an dernier que des détournements massifs de trafic Internet avaient eu lieu aux États-Unis : une part importante des communications entre la côte est et la Californie passaient… par la Chine ! Cette attaque de grande ampleur n’est pas imputée à Huawei, mais elle illustre les craintes des pays occidentaux à devenir trop dépendants de constructeurs étrangers.
Pour se protéger, la France prévoit, via la loi Pacte, que désormais les équipements télécoms seront contrôlés lors de leur utilisation et plus seulement avant l’achat. Les sociétés américaines encouragent une généralisation du cryptage. De leur côté, les pays européens, coupables d’avoir abandonné leurs anciens champions (Nokia, Ericsson, Alcatel, Siemens...), auront-ils le courage de les relancer ?
R.-J. Quatrejas
Actuailes n° 97– 20 mars 2019
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