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Femmes à la source Paul Sérusier (1864-1927)

Femmes à la source Paul Sérusier (1864-1927)

20-03-2019 à 06:10:13

 

Ces femmes se suivent en 
un cortège. Long ruban humain, il semble sans fin car les derniers personnages visibles émergent de l’arrière d’un talus, laissant penser que d’autres encore pourraient apparaître.

 

L’atmosphère est sereine. Seules les ondes qui se propagent en cercles concentriques à la surface de l’eau, déclenchées par la jarre que plonge la première femme, troublent, à peine, le calme de la scène. Les couleurs sont vives et imaginaires : cruches rouge orangé, herbe d’un vert tirant sur le bleu. Quant au ciel, il apporte une lumière dorée très dense. Vous souvenez-vous ? Dans Rupe Rupe, peint par Gauguin (Actuailes n° 59), nous avions déjà vu un ciel jaune. Le ciel se reflétant dans l’eau, le tableau est comme encadré d’or, en haut et en bas. La toile, très allongée, est ainsi découpée en trois parties, le ciel, la terre et l’eau.

 

Des arbres, régulièrement alignés en arrière-plan, on ne voit que l’ombre violette se découpant sur le ciel d’or et reprises en reflets parallèles sur l’eau.

 

Les corps des femmes sont stylisés, comme le sont leurs vêtements, longues robes mauves aux drapés esquissés. Dans le lointain, d’autres silhouettes se découpent sur le ciel, comme en ombres chinoises, mais leur activité nous reste difficile à imaginer.

 

Paul Sérusier fait partie du mouvement des « Nabis2 », ce qui signifie « prophète » ou « inspiré de Dieu » en hébreu. Dans leurs tableaux, les Nabis ne cherchent pas à transposer exactement la nature et utilisent de nombreux symboles. Ici, les plantes sont rêvées, même si l’on peut identifier des fougères, à la limite entre le ciel et la forêt. De petits traits de pinceaux verticaux viennent figurer l’herbe, ici à peine sauvage.

 

Jusqu’à la fin de juin, le musée du Luxembourg permet de découvrir les Nabis, en particulier 
à travers des tableaux et des objets décoratifs qu’ils ont conçus pour des habitations.

museeduluxembourg.fr/expositions/les-nabis-et-le-decor

 

1. Dans un tableau « à la détrempe », les couleurs sont d’abord broyées à l’eau, puis délayées avec de la colle ou de la gomme.

2. Vous pouvez en retrouver un exemple dans le n° 51 d’Actuailes, avec La Boxe de Maurice Denis.

 

Sophie Roubertie

 

Actuailes n° 97– 20 mars 2019


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