À Paris, le Ier février 1566, naît dans la famille Avrillot, une petite fille prénommée Barbe. Son père, de noble origine, est chancelier de la reine Marguerite de Navarre, sa mère appartient
à la grande bourgeoisie parisienne.
À sept ans, Barbe est confiée aux clarisses urbanistes du couvent de Longchamp, au pied du mont Valérien. Attirée par la vie religieuse, elle souhaiterait rester au couvent, mais ses parents la marient à Pierre Acarie, gentilhomme pieux et charitable. Barbe a seize ans et demi.
De ce mariage naissent trois garçons et trois filles que leur mère éduque avec un soin extrême. Travail, études, jeux, elle préside à tout. « Je les destine à accomplir la volonté de Dieu », répond-elle quand ses amies lui demandent ce qu’elle veut faire de ses filles. Envers ses domestiques, madame Acarie est d’une bonté toute maternelle. Elle se montre très dévouée envers son mari qui a contracté des dettes pour défendre la Ligue1 et dont les biens sont saisis. Il ne reste même plus une chaise pour s’asseoir ! Les épreuves ne sont pas terminées pour Barbe, son mari est accusé de conspirer contre le roi. Épouse fidèle et résolue, elle le défend elle-même, rédige les mémoires, dirige les procédures et parvient à prouver l’innocence de l’accusé. Quoi qu’il arrive, elle reste calme, ferme et gaie. Sa foi s’affermit de plus en plus.
Dieu ne l’abandonne pas, il la favorise de douces visions et elle connaît même de longues extases. Sainte Thérèse d’Avila lui apparaît deux fois et le Christ lui fait comprendre qu’il serait heureux de la voir établir le Carmel en France. Carmel que Thérèse vient de réformer en Espagne ! Barbe seconde de son mieux saint François de Sales, le père de Bérulle et ceux qui s’occupent de cette mission. C’est elle qui fait bâtir le premier couvent de carmélites. Pendant ce temps, dans une maison retirée, elle forme quelques jeunes filles à la vie monacale. La plupart d’entre elles deviennent en 1605 les premières filles du Carmel français.
En 1613, madame Acarie devient veuve. Ses trois filles ont pris le voile, ses trois fils ont choisi leur carrière, elle est libre. Elle entre au carmel d’Amiens et demande à rester sœur converse, c’est-à-dire à remplir les tâches subalternes : faire la vaisselle, raccommoder les habits des sœurs. Elle a beaucoup de difficultés car sa santé décline, ses infirmités l’empêchent de se tenir debout. Elle souffre énormément sans se plaindre. Quand elle doit prononcer ses vœux, elle demande à être transportée dans un endroit où elle pourra apercevoir le tabernacle. C’est ce jour-là, le 8 avril 1615, qu’elle prend le nom de sœur Marie de l’Incarnation.
Malgré ses protestations, elle est élue prieure puis envoyée au couvent de Pontoise pour être soignée. Elle meurt le 18 avril 1618. Saint François de Sales et sainte Jeanne de Chantal viennent prier sur son tombeau, ainsi que de nombreuses mères de famille.
L’Église la fête le 18 avril.
Mauricette Vial-Andru
Actuailes n° 98 – 3 avril 2019
Actuailes 2024 © Tous droits réservés. Conditions d'utilisation with & by Website-modern - Se connecter