Notre-Dame, église mère du diocèse de Paris et monument le plus visité de France, est un emblème de notre histoire. Il est crucial de le sécuriser avant d’entamer sa restauration.
L’impressionnant incendie du 15 avril a détruit la charpente du XIIIe siècle et la grande flèche. La résistance de la structure gothique vieille de plus de huit cent cinquante ans à ce violent incendie est admirable ; ses bâtisseurs et les générations successives nous ont transmis un bâtiment auquel chaque époque a apporté ses embellissements ou ses restaurations.
Après l’incendie, au cours duquel on a craint l’effondrement de la structure de pierre, se posent des questions concernant la solidité d’un bâtiment qui a bravé l’épreuve, mais qu’il faut à présent soulager.
Le risque principal est celui de l’effondrement des murs et des voûtes gothiques : la grande chaleur dégagée par le brasier a entraîné une dégradation des pierres dont beaucoup ont éclaté. L’eau projetée par les pompiers pose elle-aussi des problèmes : les murs gorgés d’eau peuvent être amenés à bouger en séchant dans les prochaines semaines. Enfin, le vent qui peut à présent s’engouffrer dans la cathédrale pourrait déstabiliser les murs.
Il n’y a pas, à Notre-Dame de Paris, de chaînage métallique1 pour solidifier la structure de la cathédrale comme on en connaît dans d’autres monuments de la même époque comme la Sainte-Chapelle ou, plus récents, le Panthéon (XVIIIe siècle) : cet usage de la pierre armée – bien connu des bâtisseurs, car il permet d’alléger la structure d’un bâtiment – a inspiré jusqu’aux techniques modernes du béton armé !
C’est pour cela que des travaux de mise en sécurité et d’étaiement2 de parties menaçant de s’effondrer sont entrepris depuis l’incendie : filets et structures de bois viennent remplacer la charpente disparue. Un plancher va être installé dans la nef, pour soutenir les voûtes par le dessous, et un parapluie va être déployé sur le toit pour protéger le bâtiment des éléments. Enfin, les vitraux vont être démontés pour être mis en sécurité en vue des travaux et pour atténuer l’effet de poussée du vent sur les murs.
Le chantier de restauration n’a donc pas commencé. Pour l’instant, il faut faire l’état des lieux tout en évitant l’aggravation des dommages, puis viendra le projet !
1. Chaînage : mise en place de barres de métal dans un mur afin d’augmenter sa solidité.
2. Étaiement : mise en place d’une structure en bois pour soutenir un édifice fragilisé.
Xavier de Saint Chamas
Actuailes n° 99 – 1er mai 2019
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