Nous avons encore tous en tête les images impressionnantes de l’incendie de Notre-Dame de Paris. Tâchons de comprendre ensemble comment le feu peut se répandre aussi vite !
On pense souvent que le feu se propage surtout en ligne droite, en brûlant ce qu’il touche directement : c’est ce qu’on appelle la conduction (le feu est « conduit » par le matériau qui se consume).
Mais en réalité, il existe d’autres dangers :
– Quand on observe un feu de camp, on voit bien les étincelles qui jaillissent du bois. Les particules incandescentes projetées de tous côtés peuvent déclencher de nouveaux foyers.
– La chaleur peut suffire à allumer un nouveau départ. Par exemple, un brin de paille peut s’enflammer si on l’approche assez d’un feu sans pour autant le mettre en contact avec les flammes. C’est le rayonnement. Or, les endroits qui brûlent déjà génèrent énormément de chaleur : plus de 800 °C pour du bois.
– Le plus grand risque – et le plus souvent sous-estimé – reste cependant la convection, c’est-à-dire le mouvement des fumées. La chaleur monte : dans le cas de combles, celles-ci sont piégées par le toit du bâtiment et se répartissent en quelques minutes sur toute sa longueur. Leur température, les particules et les gaz qu’elles contiennent peuvent dès lors provoquer un embrasement généralisé, où toute la structure est attaquée en même temps.
La combustion est en fait une réaction chimique qui repose sur trois éléments :
– Un combustible, c’est-à-dire un gaz susceptible de brûler (dans le cas du bois, le gaz est produit par la dégradation du bois sous l’effet de la chaleur).
– Un comburant, ici l’oxygène, qui permet à la réaction chimique de se produire.
– La chaleur qui fournit l’énergie nécessaire pour déclencher la réaction.
Mais la pierre ou le béton, ça ne brûle donc pas ?
Certains matériaux ne se consument pas, cependant ils peuvent transmettre la chaleur.
S’ils ne s’embrasent pas, ils représentent tout de même un grave danger, puisqu’ils peuvent éclater ou tomber sous l’effet du feu. D’autre part, ils sont souvent recouverts de peinture, de tapisseries, de rideaux… autant d’éléments qui eux sont susceptibles d’être la proie des flammes.
Dans les constructions modernes, le métal est souvent un élément critique à prendre en compte : c’est un excellent conducteur de chaleur, mais aussi un matériau qui se dilate et donc se déforme rapidement… et peut fondre si la température est assez élevée.
C’est sans doute ce qui s’est passé à Notre-Dame de Paris quand la flèche de Viollet-le-Duc s’est effondrée : les jointures en plomb ont certainement commencé à couler jusqu’à ce que la structure soit trop faible pour supporter son propre poids.
On estime que le 11 septembre 2001 à New York c’est aussi cela qui aurait provoqué l’effondrement des tours jumelles : la structure métallique s’est déformée vers l’extérieur (en forme de vase) et les étages les plus élevés n’étant plus soutenus sont tombés, entraînant l’intégralité du bâtiment avec eux.
R.-J. Quatrejas
Actuailes n° 99 – 1er mai 2019
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