Trop rapide, trop complexe, trop d’enjeux, la proposition de fusion du constructeur automobile italien Fiat au Français Renault ne pouvait que capoter.
Cette fusion aurait pu faire de Renault et de Fiat le troisième constructeur automobile mondial derrière Toyota et Volkwsagen, avec plus de 400 000 collaborateurs, pour un chiffre d’affaires consolidé de 168 milliards d’euros et près de 9 millions de voitures vendues chaque année !
Mais qu’est-ce qu’une fusion dans le domaine économique ? Un peu comme un mariage, il s’agit pour deux entreprises de mettre en commun leurs patrimoines (humain, financier, industriel) en créant une nouvelle entité. Mais si Fiat Chrysler Automobiles (FCA) a adressé au conseil d’administration du groupe Renault une proposition de fusion, ce n’est pas évidemment pour les beaux yeux du président de Renault, Jean-Dominique Senard, mais pour des raisons stratégiques.
Par ce « mariage », le groupe italien pourrait profiter des marchés russe, indien et chinois où Renault est bien implanté. Il pourrait également rattraper son retard dans le développement de la voiture électrique, domaine dans lequel le constructeur français a pris de l’avance grâce à son modèle Zoé. De son côté, Renault pourrait voir des avantages à ce projet de fusion : pour les mêmes raisons, il pourrait profiter de l’avancée de FCA sur le marché nord-américain et se renforcer sur le segment des voitures de luxe avec la présence des marques Alfa Romeo et Maserati. Et en plus de ce segment luxe, le nouveau groupe pourrait accroître ses parts de marché sur le segment « grand public » avec les marques Dacia (Renault) et Lada (FCA) et sur celui des utilitaires.
De plus, qui dit fusion dit synergies1. Des experts s’accordent à parler d’un montant avoisinant les 5 milliards d’euros, obtenus par des opérations de synergies entre les deux groupes.
Seulement voilà, ce projet ne verra pas le jour. Le conseil d’administration du groupe FCA retire sa proposition, estimant que Renault tergiverse, probablement en raison de la position de l’État français qui cherche à obtenir davantage de garanties, notamment en ce qui concerne le maintien des usines Fiat sur le territoire français à l’issue des quatre années d’engagement du constructeur italien.
Il semble également que Renault ne veuille pas fragiliser son alliance avec Nissan, le constructeur nippon n’ayant pas été sollicité par cette proposition de fusion.
1. Une synergie est une création de valeurs, de richesse qui résulte de l’association de plusieurs entreprises. Le rapprochement de ces entreprises leur permet d’avoir une valeur plus importante que celle de l’ensemble de ces entreprises séparément. La réduction des coûts est un exemple de synergie : le fait de commander en plus grande quantité permet d’obtenir un prix inférieur (on parle également d’économies d’échelles).
Mikaël de Talhouët
Actuailes n° 102 – 12 juin 2019
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