Pour rattraper le retard inquiétant de l’UE dans le domaine des superordinateurs, la Commission européenne a annoncé vendredi dernier le choix des huit sites qui accueilleront les premiers supercalculateurs européens. Une étape importante pour une initiative hautement stratégique.
Depuis quelques années, les pays européens se sont laissé dépasser par la Chine et les USA dans le domaine des superordinateurs de classe mondiale. Or, ces machines colossales, dotées de puissances mesurées en téraflops, pétaflops et en exaflops (c’est-à-dire capables de millions de milliards de calculs par seconde, soit des millions de fois plus puissantes qu’un PC normal !) sont devenues essentielles pour les économies des pays développés.
Dans le monde entier, les grandes équipes de recherches scientifiques et industrielles utilisent des superordinateurs pour leurs travaux sur des domaines aussi variés que la sécurité informatique, la finance, le domaine spatial, la santé, l’intelligence artificielle, le climat, le nucléaire ou encore l’automobile connectée et les études sur l’ADN. Or, faute de solution compétitive en Europe, les équipes de chercheurs européens sont actuellement obligées d’utiliser des ordinateurs américains ou chinois, ce qui en fait des proies faciles pour l’espionnage industriel de ces pays.
Il était donc temps de réagir et c’est la direction que prend la Commission européenne avec EuroHPC, littéralement European High-Perfomance Computing Joint Undertaking (que l’on peut traduire en « Initiative commune européenne pour le calcul informatique de haute performance »). Cette nouvelle entité juridique, basée au Luxembourg, aura pour mission d’acheter, de développer et de coordonner un réseau paneuropéen de supercalculateurs, dont on connaît déjà les huit premiers sites. Situés en Espagne, en Italie, en Finlande, au Portugal, en République tchèque, au Luxembourg, en Bulgarie et en Slovénie, ces datacenters sont dotés, pour commencer, d’un budget d’un milliard d’euros.
Mais ce n’est que le début puisque l’objectif affiché de la Commission est de se doter d’une machine capable de calculs exaflopiques dès 2023 (exa : un milliard de milliards de calculs par seconde, soit 1018). En parallèle, elle souhaite développer un projet européen dans le domaine des microprocesseurs, ces puces qui font tourner tous vos ordinateurs à la maison et au bureau, et qui sont toutes fabriquées en Asie ou aux États-Unis (Intel, Nvidia, etc.).
Pour rester indépendants et souverains, les grands pays ont besoin d’une science de haut niveau. Or, celle-ci dépend désormais fortement de la puissance de calcul informatique ; il était donc important de ne plus dépendre d’autres pays pour les programmes européens. Nous pouvons donc saluer cette prise de conscience – certes tardive, mais salutaire – et en suivre les progrès directement sur son site eurohpc-ju.europa.eu/… pour l’instant disponible uniquement en anglais, mais c’est également un bon exercice !
Siegfried
Actuailes n° 102 – 12 juin 2019
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