La grève fait partie du quotidien des Français : dès qu’une catégorie professionnelle n’est pas contente, que ce soit du niveau des salaires, d’un projet de loi, d’un nouveau concurrent… elle se met en « grève ».
Cette habitude est même ancrée dans nos mentalités ! En effet, la France est le pays d’Europe où on fait grève le plus souvent ! Mais peut-on faire grève sans condition, sans prévenir et sans limite ?
Pour répondre à cette question, il faut d’abord préciser que le « droit de grève » est un droit fonda-mental pour les Français. Au même titre que la liberté d’expression ou l’égalité des droits entre les femmes et les hommes.
Ce droit est inscrit dans notre Constitution de 1958 si bien qu’aucun texte ni aucune décision de justice ne peut remettre en question ou supprimer ce droit.
Cela étant dit, on ne peut pas faire grève seul et sans motif. En effet, pour être reconnu « gréviste », il faut que le mouvement respecte trois conditions :
‣ la grève doit être suivie par plus d’une personne au sein de l’entreprise ou au niveau national ;
‣ il faut arrêter le travail de façon totale ;
‣ il faut faire valoir des revendications professionnelles telles qu’une augmentation de salaire, une amélioration des conditions de travail, un changement de direction, un refus de voir voter une nouvelle loi, etc.
Si ces trois conditions sont réunies, alors le gréviste est protégé. Cela signifie que son contrat de travail est suspendu : autrement dit l’employeur ne peut pas le licencier. En revanche, le salaire n’est plus versé pendant les jours de grèves.
Il y a ensuite quelques spécificités en fonction des métiers. Ainsi policiers, CRS, militaires, personnels de l’administration pénitentiaire (des prisons) et magistrats n’ont pas le droit de se mettre en grève. Par ailleurs, les travailleurs du Service public (c’est-à-dire qui travaillent pour un service d’intérêt général comme les conducteurs de métro, de train, de bus, les postiers, etc.) doivent déposer un préavis de grève. Cela veut dire qu’ils doivent prévenir leur hiérarchie au moins cinq jours avant de se mettre en grève. Ces cinq jours doivent permettre aux parties de négocier et d’éviter un arrêt du travail qui porterait préjudice en premier lieu aux Français… qui ont besoin de ces services publics au quotidien.
C’est ce qu’il s’est passé lors de la grève du 13 septembre. Mais, dans ce cas, comme bien souvent d’ailleurs, les cinq jours de préavis n’ont pas permis de trouver une solution et d’éviter que les métros et les bus ne s’arrêtent ! Cette fois-ci, fort heureusement pour les Parisiens, la grève n’a duré qu’une journée. Mais parfois, elle peut durer des jours, voire des mois ! On se rappelle tous de la grève de la SCNF qui a duré plus de trois mois en 2018. Et vos parents se rappellent sans doute également d’une grève des transports en 1995 qui a obligé les Parisiens à se rendre à pied ou en voiture à leur travail pendant de nombreuses semaines. En résumé, vous l’aurez compris, les Français ont appris à vivre avec les grèves.
Autour de vous, vous verrez que s’opposent souvent deux clans : ceux qui sont toujours prêts à se mettre en grève et descendre dans la rue au nom de la défense de leurs droits et ceux qui râlent après les grévistes, subissent les désagréments liés aux grèves et estiment qu’ils n’ont ni le temps, ni l’envie de mettre en danger leur activité professionnelle…
Comme souvent, il est difficile de dire qui a raison et qui a tort : retenons simplement que certains combats nécessitent de faire grève et de manifester quand d’autres sont simplement des des tentatives pour s’opposer de façon systématiquement à tout changement…
Virginie Terrier
Actuailes n° 103 – 18 septembre 2019
Actuailes 2024 © Tous droits réservés. Conditions d'utilisation with & by Website-modern - Se connecter