La France, l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie et le Royaume Uni ont fait part, ce 12 septembre, de leur grande préoccupation après les annonces de Benjamin Netanayhu, Premier ministre d’Israël.
Déroulé des événements et actions
Benjamin Netanayhu a annoncé vouloir rattacher à Israël des zones de la Cisjordanie, notamment la vallée du Jourdain et la côte nord de la mer Morte (voir carte ci-dessus). Ce qui représente environ 30 % de la Cisjordanie occupée.
Ce dimanche 15 septembre, le gouvernement israélien a accepté de « transformer la colonie sauvage de Mevoot Yericho, dans la vallée du Jourdain, en une colonie officielle » ! Mevoot Yericho est un avant poste militaire hérité de la guerre des Six Jours de 1967. Des familles s’y sont regroupées, des terres ont été cultivées progressivement, des maisons s’y sont construites de manière « sauvage » à la fin des années 1990.
Une vive inquiétude de la scène internationale
« Ces annonces, si elles étaient mises en œuvre, constitueraient une violation grave du droit international. » Tout en « réaffirmant plus loin le droit d’Israël à la sécurité et condamnant fermement les récentes attaques contre Israël en provenance de Gaza », les puissances européennes appellent à s’abstenir « de toute mesure contraire au droit international et qui mettrait en danger la viabilité de la solution des deux États, sur la base des lignes de 1967 et rendrait une paix juste et durable plus difficile à atteindre. »
Une colonisation qui s’étend
La France, les 5 et 6 août, avait déjà condamné la décision prise par les autorités israéliennes de permettre la construction de deux mille trois cent quarante logements pour les colons juifs en Cisjordanie. La résolution 2334 du Conseil de sécurité des Nations unies avait pourtant clairement mis en garde contre toute volonté de colonisation.
Parallèlement, tandis que des démolitions d’habitations palestiniennes – acte également illégal aux yeux du droit international – se poursuivent de manière importante en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, sept cent quinze permis de construire ont été annoncés pour des habitations palestiniennes dans une zone éloignée.
Et des tensions qui s’exacerbent logiquement
Face à ces pratiques, attaques et ripostes se succèdent. Des raids aériens de représailles font écho aux tirs de roquettes depuis la bande de Gaza ; des heurts aux frontières et attentats à la bombe resurgissent, fragilisant l’accord de trêve négocié par l’ONU et l’Égypte, en vue d’alléger le blocus qui étouffe la population de Gaza. Tensions et colère se répandent.
Pourquoi ces annonces ? Quels sont les ressorts de cette politique ?
Des calculs électoralistes
Ces annonces sont faites à deux jours des élections législatives (le 17 septembre 2019) cruciales pour l’avenir politique de Benjamin Netanyahu.
Initialement prévues en novembre 2023, ces élections ont lieu de manière anticipée après l’échec de la formation d’un gouvernement de coalition lors des élections de juin dernier.
Or, l’homme fort du Likoud (nom du parti politique de Benjamin Netanyahu), au pouvoir depuis treize ans, est actuellement très affaibli. Sur la scène politique nationale, car plusieurs démêlés judiciaires ont réduit sa marge de manœuvre. Ainsi, aujourd’hui, face à son principal rival politique, l’ex-chef de l’armée Benny Gantz, il doit se montrer plus déterminé et audacieux que jamais dans un contexte où ses principaux appuis américains s’étiolent.
Alors que ses appuis américains chancellent quelque peu …
Souvenez-vous, nous nous étions quittés (Actuailes n° 102) sur un rendez-vous international programmé à Manama, capitale de Bahreïn, les 25 et 26 juin 2019, intitulé « De la paix à la prospérité ».
Cette séquence était destinée à lever des fonds colossaux pour transformer les territoires palestiniens. En réalité, cette première phase, quoique impressionnante par les promesses financières réalisées (50 milliards de dollars !), n’a convaincu personne en raison des insuffisances politiques qui la caractérisaient. Le scepticisme – largement renforcé par la démission le 6 septembre de l’émissaire Jason Greenblatt, conseiller spécial de Donald Trump, chargé d’établir un plan de paix pour un règlement du conflit israélo-palestinien – est tel qu’aucune date n’a encore été annoncée concernant le dévoilement du plan américain dans son ensemble.
Les difficultés de cette initiative et cette nouvelle défection traduisent l’affaiblissement des alliés objectifs du Premier ministre Netanyahu. S’y ajoute avec fracas le « limogeage » du sulfureux conseiller à la sécurité nationale du président Trump, John Bolton, ami et partisan de longue date.
Un pari outrancier qui pourrait s’avérer gagnant ?
En opposition aux démarches de paix, la politique du gouvernement israélien actuel est donc guidée par des calculs électoralistes. L’objectif est-il de passer en force pour rendre caduque une solution à deux États avec Jérusalem comme capitale pour chacun d’eux ? Ainsi, pourrait-il faire plaisir à une partie de l’électorat israélien et se maintenir au pouvoir ?
C’est là que géopolitique et manœuvre politicienne se rejoignent opportunément. Pour employer une image, s’il était sur un vélo, on dirait qu’il accélère pour ne pas tomber…
Benjamin Netanyahu pousse-t-il son avantage trop loin ? Intéressez-vous aux résultats1 de ces élections : elles vous donneront la tonalité des mois qui viennent en Terre sainte…
Pour mieux comprendre les origines historiques du conflit israëlo-palestinien, retrouvez l’article « Israël et Palestine » dans Actuailes n° 57.
Abu Nuwas
Actuailes n° 103 – 18 septembre 2019
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