L’incendie de l’usine Lubrizol, à Rouen, a relancé le débat sur les sites industriels à risques. Comment cette catastrophe industrielle a-t-elle pu se produire malgré l’existence d’une réglementation stricte ?
Les origines de l’incendie ne sont toujours pas établies. Ni d’ailleurs les conséquences sanitaires et environnementales de plus de 5 000 tonnes de produits chimiques partis en fumée. Mais, dix-huit ans après l’explosion de l’usine AZF à Toulouse, qui avait fait trente et un morts, cet incident relance la question du contrôle des sites industriels à risques.
Environ 500 000 sites constituent des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE). Et 1 379 ICPE présentant des « risques d’accidents majeurs impliquant des substances dangereuses » sont rangées dans la catégorie Seveso (qui tire son nom de la ville italienne où s’est produite une catastrophe chimique en 1976). Parmi ces sites Seveso, 744 sont estampillés « seuil haut », en raison de la quantité très importante de matières dangereuses qu’ils exploitent. C’est le cas de l’usine Lubrizol.
Ces sites font l’objet d’une réglementation très stricte. En particulier, les industriels doivent fournir une étude de dangers qui précise les risques auxquels l’installation peut exposer, directement ou indirectement. Cette étude comprend une description de l’environnement externe et interne du site, complétée par la celle des installations du site qui permet d’identifier les dangers potentiels.
L’exploitant en déduit des scénarios d’accidents pouvant conduire à un ou des phénomènes dangereux, dont il évalue les effets et les conséquences, et s’attache ensuite à réduire ces effets à la source et à les maîtriser autant que possible. À la suite de cette étude, une zone de sécurité est délimitée avec les communes concernées pour établir les périmètres à évacuer en cas de problèmes graves.
L’accident survenu à Rouen pointe plusieurs défaillances autour des sites Seveso : manque d’informations, système d’alerte inefficace, assouplissement du droit environnemental, etc. Dans ce contexte, le gouvernement s’est saisi de la question et le Parlement – Assemblée nationale et Sénat – a promis d’établir toute la lumière sur cette affaire. Cela suffira-t-il à rassurer les riverains de sites analogues ? Peut-on encore conserver de tels sites à proximité des zones urbaines ? Un sujet complexe nécessitant de concilier inquiétudes légitimes des riverains et préservation du tissu industriel et de l’emploi.
Émilie de Boussiers
Actuailes n° 105 – 16 octobre 2019
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