Le prix Nobel de médecine vient d’être décerné à trois chercheurs américains et anglais, pour leurs recherches et leurs découvertes sur la façon dont les cellules s’adaptent au manque d’oxygène.
En temps normal, les cellules utilisent l’oxygène pour transformer les nutriments (les molécules issues de l’alimentation) en énergie, leur permettant de fonctionner. C’est pour cela que les cellules sont alimentées par des vaisseaux sanguins qui apportent l’oxygène jusqu’à elles, en le transportant dans les globules rouges, des petites cellules toutes rondes du sang qui sont fabriquées dans la moelle de certains os (la partie centrale, creuse).
Dans certaines circonstances (air pauvre en oxygène, caillot dans un vaisseau sanguin…), les cellules manquent d’oxygène et ces trois chercheurs, William Kaelin, Sir Peter Ratcliffe et Gregg Semenza, ont étudié la façon dont les cellules réagissent dans ce cas.
Ils ont démonté toute la chaîne de réactions : en cas de manque d’oxygène ou hypoxie, nos reins fabriquent une hormone, l’EPO, qui provoque dans la moelle la fabrication de plus de globules rouges pour transporter plus d’oxygène vers les tissus. Les médecins récompensés ont montré qu’en fait toutes les cellules percevaient le taux d’oxygène, pas seulement celles des reins, et fabriquaient des molécules pour augmenter ou diminuer la fabrication d’EPO, notamment l’HIF (« facteur induit par l’hypoxie », mais en anglais donc dans l’autre sens !). Cet HIF est lui-même régulé par d’autres molécules dont les gênes (les morceaux d’ADN qui codent pour leur fabrication) ont été découverts par les nouveaux nobel.
Quel travail de fourmi ! Et à quoi cela peut-il bien servir ? À beaucoup de choses ! Aider les cellules qui ont manqué d’oxygène à cause d’un accident vasculaire cérébral, par exemple, quand un vaisseau se bouche dans le cerveau, ce qui peut en abîmer une partie et provoquer des séquelles : si on aide les cellules en stimulant les bons mécanismes, on pourra sans doute limiter les séquelles en question ! Ou bien dans le traitement du cancer : on essaye de faire mourir les cellules cancéreuses en les privant d’oxygène : le fait de pouvoir peut-être bloquer les processus d’adaptation de ces cellules pour se défendre peut rendre les traitements plus efficaces !
On le voit, le travail des chercheurs est souvent long et on a du mal à comprendre à quoi il sert parfois ! Mais chaque petit pas en avant pour comprendre de plus en plus précisément le fonctionnement de l’organisme permettra, grâce à d’autres chercheurs, de le soigner un jour.
Pour vous donner envie d’étudier, sachez que l’un des trois savants qui a reçu le prix Nobel, le Pr Semenza, a six doctorats : il a écrit et soutenu six thèses dans six spécialités différentes, en sachant qu’une thèse dans un domaine est le niveau de recherche le plus important possible à la faculté et qu’elle peut prendre plusieurs années… À vous de faire chauffer vos cerveaux !
Anne-Sophie Biclet
Actuailes n° 105 – 16 octobre 2019
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