Une « jeune pousse » francilienne déchiffre pour nous les étiquettes des produits alimentaires.
L’idée de déchiffrer les étiquettes sur des produits d’alimentation est venue un jour à l’un des trois fondateurs de Yuka, alors qu’il était dans un rayon de supermarché. Jeune père de famille, il ne parvient pas à évaluer la qualité des aliments qu’il achète. À l’heure où l’opinion publique affiche une prise de conscience grandissante sur la façon de se nourrir, deux frères et une amie, diplômés d’école d’ingénieurs et d’école de commerce, aidés d’un nutritionniste, jettent sur le papier le concept d’une application qui évaluerait la qualité des aliments.
Le principe est simple. L’utilisateur scanne le produit, qui fait l’objet d’une note sur cent, en fonction de ses apports nutritionnels, du nombre de ses additifs et de son origine (bio ou non). Apparaît également une couleur en fonction du score : rouge si le score est faible, orange s’il est acceptable et vert s’il est bon. L’application Yuka1 apparaît sur le marché en 2017. Elle suscite rapidement l’intérêt : plus de 12 millions de téléchargements ! Et 1,3 million de consommateurs l’utilisent régulièrement.
L’engouement est réel, mais le business model de cette jeune entreprise, qui emploie aujourd’hui dix collaborateurs, est encore hésitant. En effet, l’application étant gratuite, la start-up ne se rémunère que par des dons (environ 15 000 € mensuels) et à travers un programme de nutrition d’un montant de 59 € qui est proposé à ses clients. Une version payante de l’application (15 € par an) est également disponible.
Deux ans plus tard, Yuka continue son développement en proposant l’analyse de produits de cosmétique et d’hygiène, ainsi que des produits de substitution, quand le score est faible. Les fondateurs lorgnent également sur le marché nord-américain.
Cette application suscite une petite révolution dans le secteur de la grande distribution. Elle fait écho, de façon plus efficace, à la campagne d’affichage « nutri-score » initiée par le gouvernement en 2016. Ce système d’étiquetage nutritionnel propose un logo avec cinq valeurs allant de A à E et du vert au rouge, établi en fonction de la valeur nutritionnelle d’un produit alimentaire.
Ces démarches incitent certains acteurs de la grande distribution à développer leur propre application, prouvant ainsi aux consommateurs leur engagement en faveur d’une alimentation saine. Ainsi, le groupe Système U propose l’application « Y a quoi dedans ». Et l’association « 60 millions de consommateurs » recherche actuellement des financements pour développer sa propre application.
Mikaël de Talhouët
1. Ce nom vient de la province mexicaine du Yucatan, dont est originaire la femme d’un des fondateurs de cette start-up.
Actuailes n° 105 – 16 octobre 2019
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