Dans la nuit du 29 au 30 septembre, deux camps militaires ont été attaqués par des djihadistes à Boulikessi, à la frontière entre le Mali et le Burkina Faso, entraînant la mort d’au moins trente soldats. Six ans après le début de l’opération militaire Serval, état des lieux et raisons de cette gangrène terroriste au Burkina Faso, pays des « hommes intègres».
Le Burkina Faso a vu une extension fulgurante du terrorisme depuis plus de vingt-quatre mois. Le nord et l’est du pays sont principalement touchés : on y dénombre plus de 1 500 personnes tuées depuis début 2018 (civils et militaires), plus de 300 000 personnes déplacées et 2 000 écoles fermées, dont plus de la moitié dans le nord du pays. L’ONU prévoit ainsi une crise humanitaire exceptionnelle dans ce pays.
Ce dernier traverse depuis plusieurs années une crise sans précédent : faisant déjà partie des pays les moins avancés, il a successivement connu une insurrection populaire en 2014 puis un coup d’état militaire en 2015, les deux événements l’ayant durablement déstabilisé.
Les groupes terroristes profitent de cette instabilité pour intensifier leurs attaques. Ils utilisent des frontières administratives poreuses pour rester introuvables en se repliant à leur guise dans les forêts frontalières ; ils profitent des différends ethniques ancestraux pour faciliter les massacres interethniques, dans une région jusqu’alors épargnée. Enfin, les terroristes empêchent l’accès des jeunes les plus pauvres à l’éducation et interdisent le plus souvent toute pratique religieuse autre que celle d’un islam radical.
La France, présente depuis six ans au Sahel avec les opérations Serval puis Barkhane, mène de multiples missions militaires aux côtés des Nations unies et des armées des pays de la zone. Elle fait cependant encore souvent face, en Afrique, à l’opposition d’une opinion publique convaincue que la France est présente pour piller les ressources naturelles et non pour aider les pays amis. Ainsi, depuis le 1er octobre, de nombreuses manifestations se sont tenues au Mali et au Burkina Faso pour critiquer la présence militaire française et étrangère.
La solution viendra avant tout des pays africains, qui essaient donc de trouver des réponses collectives à ce problème. Mais les différents sommets, réunions et coalitions réalisés jusqu’ici peinent encore à en trouver une, par manque de coordination.
Le savais-tu ?
Le nom de Burkina Faso est un mélange de dialectes moré et dioula ; il signifie « patrie des hommes intègres ».
Guillaume
Actuailes n° 105 – 16 octobre 2019
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