Mon cher Michel,
Après ce pèlerinage de trois jours, je ne peux partir sans t’écrire de ce lieu dominé par la majestueuse statue de ton saint patron. À saint Michel, prince angélique, protecteur de la France, les hommes ont édifié, au milieu des flots, le plus grand des sanctuaires !
L’archange, au début du VIIIe siècle, apparut à l’évêque Aubert afin de lui demander de lui édifier un lieu de culte. Au début, l’évêque crut qu’il avait rêvé et ne fit rien. Saint Michel lui apparut alors à nouveau et réitéra sa demande. Mais ce ne fut qu’au bout de la troisième fois qu’Aubert obéit !
Il faut dire que le grand saint se montra convaincant : de son doigt ou d’une lance, il troua le crâne d’Aubert. Celui-ci, persuadé alors qu’il ne rêvait pas, entreprit d’élever une chapelle sur le mont Tombe, un rocher isolé au large d’Avranches. Et c’est donc le 16 octobre 708 ou 709 qu’eut lieu la consécration de la première église « ronde, en forme de caverne, capable de contenir une centaine de personnes et affectant la forme de celle qui existe au mont Gargan » (sanctuaire dédié à saint Michel en Italie).
En 966, l’église fut érigée en abbaye. Des moines bénédictins s’y installèrent et furent à l’origine du développement spirituel et culturel du Mont-Saint-Michel.
En effet, à partir de ce moment, le Mont devient un lieu de pèlerinage célèbre dans tout l’Occident chrétien. On peut même dire l’un des principaux avec Rome, ou encore Saint-Jacques-de-Compostelle. Il attira des foules nombreuses de pèlerins, mais aussi d’érudits qui vinrent étudier les nombreux manuscrits produits et conservés là.
On se déplaçait également pour admirer l’architecture extraordinaire de ce monument qui connut son apogée avec la construction de « La Merveille » (où vivaient les moines), chef-d’œuvre de l’art gothique du XIIIe siècle.
Et, malgré les conflits successifs de la guerre de Cent ans, au cours desquels il fut assiégé, son abandon par les moines pendant de nombreuses années, sa transformation en prison pendant la Révolution, le Mont-Saint-Michel est toujours là, sortant des flots et veillant sur la chrétienté.
J’espère qu’un jour, mon cher Michel, tu pourras, toi aussi, suivre les pas de tous ces pèlerins qui, au fil des siècles, et après avoir vaincu les fatigues et les périls de la route, ont pu déposer leur fardeau au pied de l’archange et prier pour la France, notre pays cher à son cœur.
Ton parrain
Retrouvez le récit de lecteurs d’Actuailes sur le chemin de Saint-Michel dans le numéro 96.
Actuailes n° 105 – 16 octobre 2019
Actuailes 2024 © Tous droits réservés. Conditions d'utilisation with & by Website-modern - Se connecter