Lundi 11 novembre, le président Emmanuel Macron a inauguré à Paris un monument aux morts pour la France en opérations extérieures, très attendu par les militaires et leurs familles.
Les opérations extérieures
Depuis 1963 et la fin de la guerre d’Algérie, des dizaines de milliers de soldats français sont intervenus à travers le monde dans le cadre d’une OPEX (opération extérieure). Ils étaient originaires de toutes les armées (Terre, Marine et Air), des forces spéciales, de la gendarmerie ou de services spécialisés comme le service de santé, dont un médecin a été tué récemment au Mali.
Le but de ces opérations est très varié : lutte contre le terrorisme, aide à un pays attaqué, crise humanitaire… Beaucoup ont eu lieu en Afrique, mais il y a eu des OPEX sur tous les continents : Cambodge en Asie, Haïti en Amérique, Liban ou Irak au Moyen-Orient, ex-Yougoslavie en Europe. Si tu croises un militaire français, regarde ses médailles, car à chaque OPEX correspond une médaille.
Un lourd tribut
Même si le bilan des OPEX n’a rien à voir avec les pertes des deux guerres mondiales, l’armée française y a payé un lourd tribut. Ce sont ainsi cinq cent quarante-trois militaires qui sont morts pour la France en OPEX et dont le nom figurera sur ce monument. Les derniers sont Cédric de Pierrepont et Alain Bertoncello, deux commandos Marine tués lors d’une libération d’otages (voir Actuailes n° 100), et le brigadier-chef Ronan Pointeau, du 1er régiment de spahis, mort pour la France au Mali le 2 novembre.
Les OPEX qui ont été les plus meurtrières sont le Liban (141 morts), le Tchad (129), l’Afghanistan (85) et l’ex-Yougoslavie (78). Mais de nombreux militaires y ont également été blessés, parfois gravement et portent dans leur corps les séquelles de leurs blessures.
Les OPEX aujourd’hui
L’opération Barkhane est aujourd’hui la principale OPEX, avec plus de quatre mille cinq cents militaires déployés. Ils luttent contre des groupes terroristes islamistes sur un territoire grand comme l’Europe, couvrant cinq pays africains : Tchad, Mali, Burkina Faso, Mauritanie et Niger. Nos soldats y traquent chaque jour des djihadistes qui veulent prendre le contrôle de régions ou de pays pour y instaurer la loi islamique et y installer des camps d’entraînement. Mais nos soldats y forment également leurs camarades des armées africaines et apportent aux populations éprouvées non seulement davantage de sécurité, mais aussi un peu de réconfort : puits, médicaments et vaccins, irrigation…
L’autre grande OPEX s’appelle Chammal et vise avec deux mille cinq cents hommes à lutter contre le groupe État islamique en Syrie et en Irak. Elle regroupe des aviateurs, qui avec leurs avions neutralisent de nombreux terroristes, des forces spéciales et des instructeurs de l’armée de Terre qui forment des soldats irakiens.
Alors, si tu passes dans le XVe arrondissement de Paris, n’hésite pas à te rendre au parc André-Citroën afin d’y honorer la mémoire des héros qui ont donné leur vie pour notre pays.
Le savais-tu ?
Comment sont choisis les noms des OPEX ?
Barkhane, Serval, Chammal, Sangaris, Turquoise… Les noms des opérations françaises sont issus de la faune et de la flore locales, de son climat ou des richesses de son sol. Les militaires proposent plusieurs noms au président de la République, chef des armées, qui retient le nom de son choix.
Ainsi, l’opération Turquoise, au Rwanda en 1994, tient son nom d’une pierre précieuse, les opérations Harmattan (Libye, 2011) et Chammal (Irak, 2014) viennent d’un vent et Barkhane d’une dune de sable. Les animaux ne sont pas en reste avec Serval (Mali, 2013), en référence à un félin du désert, ou Sangaris (Centrafrique, 2013), à celui d’un papillon rouge. Ces choix sont une tradition française : en 1953, l’opération de Diên Biên Phu en Indochine s’appelait Castor.
André Lefort
Actuailes n° 106 – 13 novembre 2019
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