Le Liban est entré en contestation le 17 octobre. Depuis, certaines places et artères des grandes villes du pays sont occupées tous les jours par une jeune population mobilisée.
Bientôt un mois de contestation populaire au Liban
Le motif ? Une crise économique et sociale qui dure. La corruption de la classe dirigeante au pouvoir depuis 1990 (fin de la guerre civile) est désignée comme responsable. « Les gens sont en colère, ils ont faim. Il n’y a pas de travail, pas d’électricité, pas d’Internet et les services publics fonctionnent mal. » Déficit public, défiance des investisseurs, dette de l’État, comme dans de nombreux pays, les problèmes sont nombreux.
Touche pas à mon Whatsapp !
Le fait générateur de ces événements fut l’annonce d’une taxe sur les appels effectués sur la messagerie Whatsapp. Spontanément des centaines de personnes, excédées par une situation économique difficile et la multiplication des inégalités, ont appelé à manifester et envahi les rues. Les manifestants sont passés d’une brève phase d’affrontement à une contestation pacifique et festive. Les drapeaux libanais ont fleuri, la musique est omniprésente et, si la gaieté est devenue un mot d’ordre, la détermination est restée évidente.
Les manifestants ne veulent rien lâcher
Saad Hariri, président du Conseil des ministres, et Michel Aoun, président en exercice, ont pris acte, mais rien n’y a fait. Saad Hariri a démissionné il y a quinze jours. Depuis, le pays attend la formation d’un nouveau gouvernement formé de technocrates indépendants des partis politiques. Pourtant, la vigilance de la rue s’exerce sans relâche et s’est même étendue aux étudiants et aux écoliers. Ce 10 novembre a été animé par la volonté de bloquer le projet de présentation au Parlement d’une loi d’amnistie de tous les détournements de fonds.
Table de mixage et Dance Revolution
La formation (soutenue par la France) du gouvernement en février dernier avait provoqué beaucoup d’espoir. Cela n’a pas suffi à sortir le pays du marasme. Aujourd’hui, Madi K, désormais célèbre « DJ de la Révolution » mène une « contestation 2.0 » en musique, elle symbolise la naissance d’un mouvement pour un avenir meilleur où la traditionnelle coexistence des communautés religieuses devrait laisser place à une citoyenneté moderne. La place Al-Nour de Tripoli, deuxième ville du Liban, rassemble des concerts toujours plus animés et suivis.
Cela suffira-t-il à nos amis levantins ? Certainement pas. Si l’absence de violence est une satisfaction en soi, il faut former le vœu que de véritables initiatives politiques proprement libanaises émergent rapidement.
Abu Nuwas
Actuailes n° 106 – 13 novembre 2019
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