Le 11 novembre était célébré le 101e anniversaire de l’armistice de la guerre de 1914-1918 : une occasion de célébrer nos morts qui se sont battus pour notre liberté, en France mais aussi à l’étranger. Ils furent ainsi près de 600 000 soldats africains, appelés « tirailleurs sénégalais »1, à se battre loin de chez eux durant les deux guerres. Aujourd’hui encore, leur sort et leur traitement par la France demeurent méconnus et à parfaire.
Initialement recrutés dans le cadre de la conquête coloniale au sud du Sahara, au Maghreb ou à Madagascar, ils combattirent ensuite dans les rangs de l’armée française pendant les deux Guerres mondiales, en Indochine ou encore en Algérie, pour des causes et dans des conditions météo souvent éloignées de leur quotidien africain. Beaucoup furent tués, d’autres gravement blessés et ils participèrent à de multiples faits d’armes.
Mais, à l’issue des combats, leur retour dans les pays d’origine est difficile. En plus des blessures et de l’éloignement, les soldats doivent faire face à la complexité de l’administration française qui leur demande des documents qu’ils sont souvent incapables de fournir2 ou de transmettre, vivant trop loin des capitales. Leurs pensions sont calculées sur le coût local de la vie puis bloquées pendant de longues années, ce qui crée des rancœurs et de la pauvreté.
Aujourd’hui, des améliorations ont eu lieu dans le traitement par la France de ces anciens combattants originaires d’Afrique. Une loi de 2007 a mis fin à cette inégalité de traitement entre combattants français et étrangers, mais elle ne profite qu’à 30 000 Africains, anciens soldats ou héritiers. Et vivant loin des capitales, n’ayant pas de compte en banque ou de téléphone, il leur est bien souvent compliqué de se déplacer pour prouver leur existence et en bénéficier.
Des cérémonies comme le 11 novembre sont donc un lien indispensable entre ces vétérans africains et la France, une occasion parmi d’autres de leur rappeler physiquement que malgré les difficultés administratives, la France ne les oublie pas et leur est redevable du sacrifice qu’ils ont fait. N’oublions pas nos anciens combattants africains !
1. Nom générique donné aux combattants indigènes d’Afrique par le maréchal Faidherbe en 1860. Également connus sous le nom de « force noire ».
2. Souvent en Afrique, on ne connaît pas sa date de naissance précise : par souci de simplification, on estime alors être né le 1er janvier.
Guillaume
Actuailes n° 106 – 13 novembre 2019
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