À l’occasion du 11 novembre, je voulais vous présenter le rôle très particulier des médecins militaires : ces médecins, qui appartiennent à l’armée, sont là pour soigner les soldats en France ou sur les lieux de combat. Ce sont eux aussi qui vérifient que les personnes qui souhaitent s’engager dans l’armée ont les capacités physiques de le faire.
Pour parler de ce métier, j’ai interrogé Anne et Nicolas, qui sont tous deux médecins colonels. Ce couple a exercé le métier de médecin militaire à la fois en régiment, en école militaire, mais aussi en état-major (là où l’on prend les décisions pour l’ensemble des forces), et en OPEX (mission à l’étranger), notamment pour Nicolas dans des zones dangereuses de conflits.
Qu’est-ce qui vous a donné envie d’être médecin militaire ? Est-ce que vous en avez dans votre famille ? Qu’est-ce qui vous en a donné l’idée ?
C’est avant tout l’envie de servir qui nous a donné celle de devenir médecin. Se mettre au service des autres et soigner ceux qui en ont besoin. Pour ce qui est d’exercer ce métier dans l’armée, c’était aussi se mettre au service de notre pays, la France. Alors qu’aucun de nous n’avait de médecin militaire dans sa famille et sans avoir pleinement conscience de la portée de notre engagement, cette idée nous est venue à notre adolescence, quand on commence à réfléchir un peu plus à l’avenir et à ce qui nous tient à cœur.
Comment se passent les études de médecine militaire ? Est-ce que ce sont les mêmes que les autres ?
Elles sont identiques aux études de médecine et se déroulent dans les mêmes facultés à Lyon. Les études de médecine militaire sont complétées par une formation d’officier (formation physique, au combat, au tir, aux règlements militaires et au fonctionnement de la hiérarchie, aux valeurs de l’armée) qui s’étale sur la durée complète des études à l’École de santé des armées.
On y rentre après un concours qui a lieu lors de l’année de terminale. Les études sont aussi renforcées dans des domaines plus spécifiques aux besoins des armées (médecine de guerre et expertise, par exemple). Pour ceux qui tarderaient à se décider, rien n’est perdu, car on peut rejoindre le Service de santé des armées à tout moment des études ou même une fois diplômé.
Quels sont les problèmes de santé, les maladies qui sont particulières aux militaires ?
Les militaires sont des gens comme tout le monde. Ils ont donc les mêmes problèmes de santé que l’ensemble de la population. Malgré tout, la sélection, qui est faite avant qu’ils ne s’engagent, écarte ceux qui auraient des maladies trop graves ou qui les empêcheraient de faire leur métier. Globalement plus jeunes, ils sont généralement en bonne santé. En revanche, l’exercice de leur métier les expose à des blessures plus particulières (blessures liées au sport et bien sûr blessures de guerre).
Quel est le rôle du médecin militaire dans une zone de combat ? Comment peut-il soigner, quels moyens a-t-il ?
Partout où les soldats sont engagés, les médecins militaires les suivent. Dans une zone de combat, le rôle premier du médecin militaire est de tout mettre en œuvre pour la survie des blessés de guerre. Seul, il ne pourra pas grand-chose. Son rôle est donc de faire en sorte que ces blessés puissent être pris en charge par des chirurgiens et des réanimateurs placés juste derrière les zones de combats. Il est formé pour cela et il dispose de matériels d’urgence très techniques et d’une équipe d’infirmiers pour l’aider dans cette tâche difficile.
Très souvent des gestes très simples suffisent, mais ce sont les conditions dans lesquelles ils sont réalisés qui les rendent plus compliqués (sous le feu, dans des zones de montagne, dans l’attente de l’évacuation…).
Quelles qualités pensez-vous qu’il faut avoir pour s’engager dans ce métier ?
Il faut avant tout en avoir envie. Servir, c’est trop compliqué et demande trop de renoncement pour le faire sans envie ! À première vue, aimer le travail en équipe et l’inattendu, savoir s’adapter, un peu de courage et de débrouillardise… Mais toutes les qualités sont bonnes à prendre. Surtout celles qui permettent de s’engager avec un grand E.
À l’occasion du 11 novembre, notre pensée va au médecin capitaine Marc Laycuras, mort au Mali en avril dernier, alors qu’il accomplissait sa mission auprès des soldats. Merci à ces confrères de nous donner une leçon de courage pour soigner dans des conditions difficiles !
Anne-Sophie Biclet
Actuailes n° 106 – 13 novembre 2019
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