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Le franc CFA : une monnaie qui fâche ?

Le franc CFA : une monnaie qui fâche ?

11-12-2019 à 07:41:00

En novembre 2019, le président du Bénin annonçait vouloir retirer de la Banque de France ses réserves de change en francs CFA. Pour certains, cette monnaie apparaît comme un instrument de dépendance économique vis-à-vis de la France. Mais le franc CFA n’a-t-il que des inconvénients pour l’Afrique ? Et par quoi serait-il remplacé ? État des lieux d’une monnaie toujours au centre de débats passionnés.

e franc CFA (FCFA), créé en 1945 – soit quinze ans avant l’indépendance des colonies françaises –, est la monnaie de quatorze pays représentant 155 millions d’habitants (8 en Afrique de l’Ouest et 6 en Afrique centrale). Auparavant indexé sur le franc français, il l’est désormais sur l’euro : 1 euro = 655,96 FCFA. Les pièces et billets sont créés en France.

L’objectif d’un tel système est bien de garantir la stabilité monétaire du continent africain et non de maintenir une monnaie post-coloniale perpétuant l’influence de la France. Les résultats sont d’ailleurs là puisque la « zone CFA » est aujourd’hui la zone aux taux de croissance les plus forts (7 % en moyenne contre moins de 2 % pour l’Afrique). Pour autant, nombreux sont ceux qui souhaiteraient réformer le FCFA, allant du simple changement de nom – à forte valeur symbolique – à une indexation sur un panier de monnaies incluant le yuan, le dollar et l’euro, soit les principaux partenaires commerciaux africains. 

Les quinze états de la CEDEAO1 se sont ainsi mis d’accord pour adopter en 2020 une monnaie unique, baptisée « éco ». Celle-ci sonnerait la fin du FCFA et satisferait les économistes les plus critiques à son encontre. Mais cela pourrait être une illusion de court terme : les expériences passées de sortie du FCFA ont été des échecs (Mali ou Guinée Conakry), les intérêts des pays concernés sont très différents (le Nigeria, dont l’économie est basée sur le pétrole, représentera à lui seul les trois quarts des richesses des quinze pays) et le risque d’instabilité et d’inflation de cette nouvelle monnaie est fort.

La France ne s’est pas montrée opposée à cette réforme. Mais au-delà du symbole, il importe surtout que les pays concernés soient lucides sur les réelles forces et faiblesses de cette monnaie. La période, marquée par l’instabilité politique et sécuritaire dans la région, n’est sans doute pas la plus propice. 

 

1. Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest.

Guillaume

 Actuailes n° 108 – 11 décembre 2019


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