Les bienfaits de la sérotonine

L’étude du fonctionnement de notre système nerveux central (le cerveau), par les neuroscientifiques, nous amène à comprendre ses mécanismes, ce qui peut changer notre vie au quotidien : parlons aujourd’hui de la compétition entre la dopamine et la sérotonine, dont l’enjeu est essentiel. De quoi s’agit-il ?

Dans notre cerveau, les neurones (cellules qui le constituent) communiquent entre eux grâce à des neurotransmetteurs : des substances qui transmettent l’information, stimulent certaines cellules pour commander nos comportements. La dopamine est un neurotransmetteur qui commande les circuits de la satisfaction, de la « récompense » : quand j’ai faim, je vais désirer la nourriture et agir pour en obtenir. Plus je me rapproche de la satisfaction de mon désir, plus je lâche de dopamine dans une partie spécifique de mon cerveau, ce qui me fait éprouver du plaisir, dont le cerveau garde la mémoire. Cela nous permet d’aller naturellement vers ce dont nous avons besoin.

Certaines substances comme les drogues, l’alcool, la nicotine des cigarettes, mais aussi certains comportements (le jeu, le sport intense, l’utilisation des écrans) augmentent la quantité de dopamine lâchée entre les neurones, ce qui provoque un plaisir intense et, du coup, un désir d’y revenir difficile à empêcher. Le cerveau essaye de se protéger de ce message excessif en devenant moins sensible à la dopamine, mais du coup, pour éprouver le même plaisir il faudra consommer davantage de ces substances : c’est un cercle vicieux de dépendance…

Il existe beaucoup d’autres neurotransmetteurs dont la sérotonine, qui permet de réguler notre humeur, d’avoir un sentiment profond de plénitude et de contentement. Elle régule aussi nos comportements en nous faisant éviter les attitudes à risque. Or, lorsque nous rentrons dans une relation d’amitié par exemple ou bien dans une relation d’amour, mais aussi lorsque nous disons merci, lorsque nous prenons le temps de respirer lentement ou bien de réfléchir à des choses positives, ou encore quand nous prenons des décisions, nous sécrétons de la sérotonine. Il n’y a aucun effet de dépendance ! Intéressant, non ?

Il est aussi intéressant de savoir que la dopamine peut s’opposer à la sérotonine : en caricaturant, si je choisis de donner trop de place à la satisfaction de mes désirs, je risque de passer à côté du bonheur profond, qui est plus lié à des comportements, des pensées et des relations. Certains médicaments, comme les antidépresseurs qui permettent de soigner des maladies psychiatriques dans lesquelles notre humeur est triste de façon incontrôlable, agissent en augmentant la sérotonine dans le cerveau.

Alors, plutôt que de reprendre du chocolat, n’oubliez pas d’aller dire merci à celui qui vous l’a offert et de passer un moment avec lui !

Anne-Sophie Biclet

    Actuailes n° 109 – 15 janvier 2020