La question revient régulièrement à l’occasion de procès médiatiques de violeurs, de pédophiles, de meurtriers ou de terroristes. Comment et pourquoi des avocats acceptent-ils de défendre ces personnes qu’apparemment tout accuse ? Tout le monde
a-t-il le droit à une défense ? Prendre la défense d’un criminel, n’est-ce pas se rendre complice du mal accompli ?
L’avocat défend le droit et non la morale. Alors même que la morale est personnelle, la loi, elle, doit être la même pour tous.
Selon les points de vue, une loi ne sera donc pas toujours morale. La majeure partie de la population désapprouvera un meurtre ou un viol, mais si l’on prend par exemple un sujet qui divise fortement la société, comme, par exemple, le droit à l’avortement, la limite entre ce qui est moral et ce qui ne l’est pas, devient plus floue, plus personnelle.
Le droit est donc là pour fixer des règles et il doit être défendu quelle que soit la situation.
L’avocat n’est pas là dans le but de laisser libre un meurtrier, mais de garantir que ses droits ne sont pas bafoués. Les droits de la défense sont les prérogatives dont dispose une personne lors d’un procès. Ils permettent d’assurer une égalité et une loyauté entre adversaires et comprennent, en particulier, le droit de chacun d’être assisté d’un avocat à tous les stades de la procédure (en cas de procès pénal : garde à vue, audition, jugement), ainsi que le temps et les moyens de préparer sa défense.
L’avocat tente d’éviter les erreurs judiciaires. Même si elles sont rares, elles existent. Et leurs conséquences peuvent briser des vies.
Être défendu lorsque l’on est reconnu coupable (voire même lorsque l’on reconnaît soi-même sa culpabilité), ce n’est pas tenter d’éviter à tout prix d’être condamné. Comme le dit Me Saint-Palais, avocat pénaliste : « On ne juge pas un crime, mais un homme qui, le cas échéant, a commis un crime. » Il va s’agir d’appliquer à cet homme une sanction, qui réponde au trouble à l’ordre public, mais qui soit adaptée à sa personnalité.
Pour cela, un procès doit être organisé, où une place doit lui être accordée. Place qui sera occupée par le mis-en-cause lui-même mais aussi par son avocat, dont le rôle sera d’apporter des éléments per-mettant de mieux cerner sa personnalité, de mieux comprendre le passage à l’acte.
Le but : rendre une décision de justice « juste », en accord avec la loi et de la rendre acceptable aux yeux de l’accusé, des victimes et de la société. Après tout, n’est-ce pas cela que l’on attend de la justice ?
Émilie de Boussiers
Actuailes n° 109 – 15 janvier 2020
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