Débutée pendant l’été 2019, la grève nationale des pompiers professionnels a pris fin le mardi 28 janvier.
Les raisons de la colère
Les pompiers professionnels dénoncent tout d’abord les nombreuses tâches qui les éloignent de leur cœur de métier – le feu et les situations graves, comme, par exemple, des accidents de la route. Ainsi, de nombreuses personnes ont pris l’habitude d’appeler les pompiers pour des petits bobos ou comme s’il s’agissait d’ambulanciers. On dénombre 1 million d’interventions supplémentaires entre 2003 et 2018, alors que les pompiers ont arrêté de se déplacer pour les nids de guêpes ou les ascenseurs bloqués et qu’il n’y a pas eu d’augmentation de leurs effectifs.
Mais les pompiers préviennent que, pendant qu’ils s’occupent de ces gens qui pourraient se prendre en charge par eux-mêmes, ils ne sont pas disponibles pour les situations d’urgence ; de là un sentiment de ras-le-bol et d’inquiétude. De plus, les pompiers font désormais face à une montée de la violence. Alors qu’ils sont au service des autres, certains les agressent, souvent en toute impunité car la police n’arrête pas leurs agresseurs.
La réponse du gouvernement
Alors que le malaise va grandissant depuis de nombreuses années et après huit mois de grève, le ministre de l’Intérieur a annoncé des mesures à même de calmer les esprits. Il s’agit tout d’abord d’une augmentation de la prime de risque. Les syndicats de pompiers ont ensuite reçu des assurances pour que les pompiers puissent partir à la retraite plus tôt. Enfin, l’État s’est engagé à mieux lutter contre les violences et à améliorer la répartition des tâches de santé.
Perspectives
Au-delà de ces annonces en urgence, l’État doit désormais s’attaquer aux causes profondes des problèmes soulevés par les pompiers et qui les dépassent largement. En effet, les pompiers sont chaque jour au contact de notre pays et donc de ses problèmes. Ils sont donc un excellent baromètre.
Au sujet de la violence, l’État doit enfin mettre fin aux zones où le droit français ne s’exerce plus, comme dans de nombreuses cités HLM en périphérie des villes, gangrenées par le trafic de drogue. Les services publics y interviennent difficilement, à leurs risques et périls et au bon vouloir des délinquants. Il s’agit éga-lement de punir durement ceux qui s’attaquent aux agents de l’État : policiers, militaires, pompiers. Ceux qui commettent ces violences sont en effet souvent peu inquiétés, créant un sentiment d’impunité. L’autre problème à régler d’urgence est l’affaiblissement général du service public, c’est-à-dire des services de l’État qui agissent au profit des Français : hôpital, police, SAMU… Enfin, le manque de civisme de ceux qui abusent en appelant les pompiers quand ils ont un simple mal de tête, par exemple, doit être sévèrement puni.
Finalement, les pompiers nous ont alertés sur des problèmes profonds qui doivent maintenant être pris en compte par l’État.
Trois sortes de pompiers En France, les pompiers sont – Les sapeurs-pompiers volontaires – Les sapeurs-pompiers professionnels (16 %), qui sont des fonctionnaires recrutés sur concours. On les trouve dans les grandes villes, où ils sont généralement renforcés – Les pompiers militaires (5 %) à Paris à la brigade des sapeurs-pompiers de Paris (BSPP – 8 600 hommes) ; à Marseille au bataillon de marins pompiers de Marseille (BMPM, 2 400 hommes) ; et à Canjuers, le plus grand camp militaire d’Europe occidentale situé dans le Var. |
Les chiffres-clés 250 000 pompiers 5 milliards de budget 20 millions d’appels par an, 1 intervention toutes les 7 secondes 7 % seulement d’interventions liées au feu 13 minutes et 13 secondes en moyenne |
André Lefort
Actuailes n° 111 – 12 février 2020
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