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Affaire Mila et le débat sur le blasphème

Affaire Mila et le débat sur le blasphème

12-02-2020 à 05:54:54

Une adolescente de seize ans, Mila, est la cible d’un harcèlement en ligne depuis qu’elle a déclaré, notamment, détester la religion musulmane lors d’une discussion sur Instagram le 18 janvier dernier.

Le blasphème peut être défini comme une « parole ou [un] discours qui outrage la divinité, la religion ou ce qui est considéré comme respectable ou sacré ». Il est puni dans soixante et onze pays à travers le monde. Le blasphème est même considéré comme un crime passible de la peine de mort dans plusieurs pays musulmans. C’est le cas de l’Afghanistan, de l’Iran, du Nigeria, du Pakistan, de l’Arabie saoudite ou encore de la Somalie.

Des lois anti-blasphème subsistent dans certaines démocraties occidentales (Grèce, Allemagne), mais les sanctions y sont beaucoup plus légères et surtout très rarement appliquées.

En France, le délit de blasphème a existé jus-qu’à son abrogation par la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse. Il n’existe donc plus de délit de blasphème en France. Ont toutefois été créé, par la suite, les délits d’injure, de diffamation et de provocation à la haine, à la violence ou à la discrimination en raison de l’appartenance ou de la non-appartenance à une race, une ethnie, une nation ou une religion. 

Il semblait acquis que l’introduction de ces délits avait vocation à protéger les personnes et non les dogmes et qu’ils ne pouvaient donc menacer la liberté d’expression. En ce sens, la Cour d’appel de Paris avait jugé en 2008 que les caricatures de Mahomet publiées par Charlie Hebdo en 2006 ne constituaient pas une injure à l’égard des musulmans.

Le débat est donc en principe clos : en France, s’il est possible d’insulter une religion, ses figures et ses symboles, il est en revanche interdit d’insulter les adeptes d’une religion. En résumé, la liberté d’expression, telle qu’elle est conçue par le droit français, ne permet pas d’appeler à la mort d’autrui, à la haine contre un groupe ethnique, national, sexuel ou religieux. Elle permet en revanche de dire tout le bien ou le mal qu’on pense d’une religion ou d’une divinité.

Qu’en est-il alors de l’affaire Mila ? Mila dit qu’elle n’est pas raciste et que son propos vise uniquement l’islam et non les personnes qui pratiquent cette religion. Sous cet angle, elle ne paraît pas pouvoir être sanctionnée pénalement en France, dès lors qu’elle semble distinguer la religion musulmane, qu’elle critique violem-ment, de ceux qui la pratiquent. Cette position heurte toutefois un certain nombre de ressor-tissants musulmans, pour qui la religion ne devrait, sous aucun prétexte, faire l’objet de critiques.

Émilie de Boussiers

Actuailes n° 111 – 12 février 2020


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