Éclairage sur un modèle de production révolutionnaire, inventé par un fantasque milliardaire.
Il est des entreprises dont le nom et la notoriété dépassent le produit auquel ils se rattachent : on pourrait citer Coca-Cola, Apple, Guerlain, mais aussi Tesla. Fondé en 2003 par un intrépide et visionnaire entrepreneur, Elon Musk, ce constructeur automobile produit des voitures électriques haut de gamme en s’appuyant sur un modèle de production révolutionnaire, qui casse les codes et les habitudes de l’industrie automobile, à tel point que l’on parle aujourd’hui de « teslisme ».
Après le fordisme et le toyotisme, le « teslisme » est fondé sur l’usage à grande échelle des nouvelles technologies de l’univers digital. L’objectif étant pour l’entreprise industrielle d’être agile et réactive à la façon d’une start-up. Ainsi, contrairement à un constructeur automobile traditionnel qui travaille sur le produit parfait avant de se lancer sur le marché, Tesla teste des versions en demandant des retours à ses clients afin de les améliorer.
La robotisation et l’investissement dans le digital sont les deux aspects saillants de ce nouveau modèle. Les chaînes de production sont ainsi gérées par de nombreux de logiciels, de même que les échanges entre les différentes équipes et avec les clients. Le « teslisme » réinvente les chaînes d’approvisionnement, jusqu’alors très éclatées, avec des fournisseurs très spécialisés présents dans des pays où la main-d’œuvre est bon marché. Elon Musk, dans un souci de réactivité, décide d’avoir ses sous-traitants à proximité, quitte à les racheter ou à reprendre leurs compétences.
Mais les résultats économiques de Tesla sont encore en demi-teinte. Si ce nouveau modèle de production s’exporte de plus en plus dans l’industrie automobile, l’entreprise continue d’accuser des pertes, malgré un chiffre d’affaires de 21 milliards de dollars en 2018. Néanmoins, les investisseurs continuent de croire en Elon Musk, qui a annoncé dernière-ment pouvoir produire 500 000 voitures en 2020. L’action du constructeur a bondi de 30 %, faisant de Tesla la deuxième capitalisation boursière de l’industrie automobile (160 milliards de dollars), derrière Toyota.
Fordisme : modèle de production automobile inventé par Henry Ford au début du siècle dernier et qui consiste à accroître la productivité du travailleur et la production à l’aide de plusieurs principes : la standardisation permettant de produire en grandes séries des pièces interchangeables et l’augmentation du salaire des ouvriers, pour les stimuler à la tâche et les fidéliser. Toyotisme : modèle de production automobile inventé par le fondateur de Toyota en 1962 et qui consiste à réduire les gaspillages, maintenir une qualité optimale des produits et améliorer le système en continu, grâce à l’implication de tout le personnel, de l’ouvrier à l’ingénieur. |
Mikaël de Talhouët
Actuailes n° 111 – 12 février 2020
Actuailes 2024 © Tous droits réservés. Conditions d'utilisation with & by Website-modern - Se connecter