La frontière entre la Turquie et la Grèce est le théâtre de graves événements.
Des dizaines de milliers de personnes originaires d’Afghanistan, du Pakistan, de Syrie, d’Irak et du Maghreb se pressent aux points de passage de la frontière grecque.
Ces immigrants étaient jusque-là dans des camps de réfugiés en Turquie ou vivaient de petits métiers à Istanbul. Venus de pays en crise économique, en explosion démographique ou en guerre, ils savent que la Turquie est le dernier point de passage avant ce qu’ils croient être l’Eldorado européen. Et l’histoire récente leur donne des raisons d’y croire puisqu’en 2011 plus d’un million d’entre eux ont pu forcer les frontières et se rendre en Allemagne et dans d’autres pays de l’Union européenne (UE), pour y faire venir ensuite leurs familles.
Or, le président turc Erdogan est issu d’un parti nationaliste islamiste ; il utilise ces millions d’immigrants comme une arme pour faire un chantage à l’UE. Il exige de l’UE qu’elle paye plusieurs milliards d’euros chaque année à la Turquie ; sinon, il envoie les migrants vers la Grèce et au-delà. Malgré les sommes reçues, il n’a jamais cessé d’envoyer des bateaux de migrants (et désormais des autocars entiers) vers la Grèce car il a besoin d’argent pour financer les guerres qu’il mène en Syrie et en Lybie et dans lesquelles son armée s’enlise gravement.
En face, les Grecs se sentent abandonnés par les autres pays européens. L’armée grecque veut éviter des mesures violentes et capture puis expulse systématiquement les clandestins qui réussissent à franchir la frontière. Elle est aidée en cela par un vaste mouvement populaire de soutien : les agriculteurs et les chasseurs de toutes les régions frontalières organisent des patrouilles citoyennes pour compléter le dispositif de surveillance de la frontière et aider l’armée en renseignement et en logistique. Dans les îles grecques proches de la côte turque et soumises à d’incessants débarquements d’immigrants, les populations se révoltent contre les associations d’aide aux immigrés et exigent des garde-côtes qu’ils arrêtent les flottilles de bateaux provenant de Turquie.
On le voit, la situation est une poudrière qu’un rien peut transformer en affrontement armé entre Grèce et Turquie, voire en révolte des citoyens grecs contre leur gouvernement si celui-ci ne réussit pas à endiguer les flots d’immigrés en provenance de Turquie.
Siegfried
Actuailes n° 112 - 11 mars 2020
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