Idlib

Avez-vous entendu parler de la province d’Idlib (ou Idleb) en Syrie ? Savez-vous ce qui s’y déroule en ce moment ?

La province d’Idlib est une région qui représente la surface du département de la Drôme, environ 6 500 km². Plus de trois millions de personnes y vivent. Environ 50 000 d’entre elles sont des insurgés, c’est-à-dire qu’ils ont pris les armes (certains depuis près de neuf ans) contre le gouvernement de Damas dirigé par Bachar el-Assad.

Vous savez qu’une guerre ronge la Syrie depuis 2011. Neuf années qui ont vu des groupes armés s’opposer à leur gouverne-ment. Certains étaient des groupes djihadistes proches des terroristes d’Al-Qaida, d’autres se sont alliés à l’État islamique (des terroristes islamistes qui ont tenté en 2014 de fonder un véritable pays gouverné par la seule loi islamique et qui devait plus ou moins regrouper la Syrie, l’Irak et une partie du sud de la Turquie). Ces groupes armés sont aussi très souvent soutenus et armés par les Turcs. 

Les groupes syriens qui s’opposaient à Bachar el-Assad ont mené une guerre terrible et se sont successivement retranchés dans des villes comme Raqqah ou Alep. À chaque fois, l’armée syrienne, aidée par les avions de l’armée russe, ont réussi à les déloger.

Depuis mai 2019, les 50 000 derniers combattants sont retranchés dans la ville d’Idlib et dans ses environs. Bachar el-Assad a annoncé qu’il allait les détruire à Idlib afin de retrouver le pouvoir sur l’ensemble de la Syrie. Mais le monde entier s’inquiète pour les populations civiles qui sont finalement prisonnières de cette guerre. On craint une crise humanitaire, c’est-à-dire de voir des dizaines de milliers de personnes, adultes, vieillards et enfants, contraints de quitter leurs maisons d’Idlib sans avoir de lieu où se réfugier. Comment les abriter ? Comment les nourrir ? Les soigner ? Prendre soin d’elles ? Trop occupés à se faire la guerre, les puissants de la région sem-blent ne pas s’en soucier. 

Le président turc M. Erdogan va même jusqu’à inviter ces per-sonnes déplacées à partir vers l’Europe en passant de la Turquie en Grèce. Il cherche ainsi à impliquer les pays de l’UE.

À la demande de nombreux pays, un cessez-le-feu – très fragile – a été conclu. Messieurs Erdogan (le président turc) et Poutine (le président russe) doivent se rencontrer pour obtenir de Bachar el-Assad qu’il permette aux personnes civiles d’échapper aux combats. On peut malheureusement craindre que ce dernier exerce un chantage pour remporter une victoire symbolique sur ses opposants.

    Actuailes n° 112 – 11 mars 2020