Alors que l’épidémie de coronavirus sévit toujours en Europe, l’Union européenne (organisation politique qui regroupe vingt-sept des cinquante pays européens) joue aujourd’hui sa survie. Réunions et annonces se multiplient cette semaine en provenance de la Commission (instance dirigeante principale). La crise sanitaire vient révéler de nombreuses faiblesses structurelles.
L’Italie s’est scandalisée du manque de solidarité des autres membres de l’UE à son égard, alors qu’elle est le pays le plus gravement touché. Son ministre des Affaires étrangères, Luigi di Maio, a même écrit que « les belles paroles, on ne sait pas quoi en faire », tandis que la classe politique et les médias italiens ont publiquement émis des reproches d’une rare violence envers l’UE. À tel point que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a dû publier le 2 avril dernier une tribune dans les journaux italiens pour présenter ses excuses à l’Italie et exprimer ses regrets pour le retard de réaction de l’UE face à la pandémie.
Autre domaine où l’UE a fait preuve de mauvaise gestion : le contrôle aux frontières extérieures et intérieures de l’espace Schengen (zone regroupant tous les pays membres ; toute personne s’y trouvant ou ayant le droit d’y rentrer peut ensuite y circuler librement). Or, l’UE a refusé jusqu’au dernier moment de fermer ses frontières extérieures, notamment aux Chinois. Il a fallu que les États-Unis ferment leurs propres frontières aux Européens pour que l’UE décide d’en faire autant une semaine après, alors que le virus s’était déjà largement répandu. Heureusement, face à cette inaction, beaucoup d’États membres avaient décidé de se protéger préventivement en restaurant des contrôles partiels à leurs frontières.
Enfin, confrontés à une crise économique colossale qui s’annonce (conséquence du blocage total des économies européennes), les États européens se déchirent actuellement sur la répartition du financement de la relance. Les États du Sud (France, Italie, Espagne principalement) militent pour que les plans de relance soient financés par tous, y compris par les pays qui en bénéficieront moins (principalement les États du Nord comme l’Allemagne et les Pays-Bas) et qui, fort logiquement, refusent. La raison de cette division est que les économies des pays du Sud sont beaucoup plus fragiles, car elles cumulent cinquante ans de mauvaise gestion, de centralisation, de désindustrialisation, de corruption et d’immigration massive. Les États du Nord ne veulent plus payer pour ceux du Sud et la survie de la monnaie unique (l’euro) redevient un sujet de discussion, comme lors de la faillite de la Grèce en 2008.
Concernant la réponse médicale, la santé ne fait pas partie des domaines confiés par les États à l’UE. Cependant, c’est paradoxalement un reproche assez juste que l’on peut faire à l’UE, car il illustre son échec en matière d’indépendance industrielle stratégique. En effet, l’UE s’est toujours définie comme une organisation en faveur du libre-échange et de la mondialisation. Son principal rôle depuis sa création en 1957 a été d’unifier un immense marché unique à l’intérieur des pays membres, obligeant les États à abandonner une grande partie de leur indépendance économique et la maîtrise indirecte qu’ils exerçaient sur le tissu industriel de leur pays et sur leur monnaie. Cette philosophie, nommée libéralisme, se fonde sur l’idée que le commerce permet toujours d’optimiser la production, les prix et les échanges entre ceux qui le pratiquent, permettant une atteinte commune du bien-être pour le plus grand nombre.
Or, la crise actuelle illustre bien le fait que de trop nombreux secteurs ont été délocalisés entre pays membres d’abord, puis hors de l’UE, principalement vers la Chine. Aujourd’hui, les Européens, contaminés par un virus apparu dans une région méconnue de Chine, se découvrent avec effroi incapables de se soigner puisque la production de masques, de gels hydroalcooliques, de blouses, de médicaments, de matériel respiratoire et de très nombreux autres produits stratégiques est faite... en Chine justement. En conséquence, les pays de l’UE se font une concurrence effrénée pour acheter ces produits en Chine, laquelle se voit à nouveau en position de force pour vendre les produits de son industrie aux pays européens qui n’ont justement plus assez d’usines ni de laboratoires chez eux.
Il est trop tôt pour dire si l’UE survivra ou pas à cette pandémie, mais on peut déjà affirmer que ce virus est bel et bien la maladie du matérialisme et de la mondialisation.
Ziegfried
Actuailes n° 114 – 8 avril 2020
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