Alors que toute la France est confinée et que le trafic routier a baissé de plus de 90 %, les organismes de surveillance de l’air ont mesuré un pic de pollution aux particules le 28 mars dans la moitié nord de la France. Comment l’expliquer ?
Les particules sont de tout petits morceaux de matière, qui ont un diamètre inférieur à 10 micromètres, soit presque dix fois plus petites que l’épaisseur d’un cheveu. On les appelle aussi PM10 (PM = Particulate Matter en anglais)1. Elles sont suffisamment petites pour rester en suspension dans l’air et être entraînées par le vent. Leur origine peut être naturelle ou humaine.
Les particules d’origine humaines sont principalement issues de l’industrie, de l’automobile, des activités domestiques, avec les chauffages à bois ou au fuel, et de l’agriculture. En particulier, les combustions incomplètes dans un moteur de voiture ou dans une cheminée génèrent des particules.
Les sources naturelles de particules sont surtout les éruptions volcaniques, l’érosion du sol par le vent, les feux de forêts. Les vents du Sahara peuvent soulever une grand quantité de particules et les porter jusqu’en France, on appelle ce vent le Sirocco.
Ce dernier exemple montre à quel point les particules peuvent voyager. C’est aussi le cas pour les particules d’origine humaines. Nous échangeons avec nos pays voisins selon le sens du vent un grand nombre de particules et, lors d’épisodes de pollution, les particules émise localement viennent s’ajouter à celles apportées par le vent.
Que deviennent ces particules ? Les plus grosses retombent doucement ; on peut les voir d’ailleurs recouvrir les bâtiments parisiens de noir. Mais ces particules sont aussi captées par les nuages et la pluie les entraîne vers le sol2. En France, les vents viennent majoritairement de l’ouest. Ils apportent de l’air de l’Atlantique souvent chargé d’eau et « nettoyé » par la pluie. Mais, quand ils viennent de l’est et qu’il fait beau, ils peuvent amener avec eux les particules émises dans tout le continent européen ! Ainsi, les particules identifiées à Paris peuvent provenir d’un champ alsacien ou d’une usine allemande...
Vous avez d’ailleurs certainement observé que ces particules sont souvent visibles en regardant au loin, l’horizon est gris-blanc comme sur la photo en illustration. Et, après un épisode de pluie, l’air est propre et transparent.
1. On appelle particules fines ou PM2,5, les particules les plus petites qui ont un diamètre inférieur à 2,5 micromètres.
2. Les nuages sont des milliards de minuscules gouttes d’eau en suspension. Les particules aident à la formation des nuages. En effet, quand l’air est saturée en eau, les atomes d’eau éparpillés dans l’air vont venir s’agglutiner autour de la particule pour former une goutte. C’est à ce moment que l’eau, sous forme de gaz, devient liquide. On dit que les particules sont des « noyaux de condensation ».
Actuailes n° 114 – 8 avril 2020
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