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La maladie de Kawasaki

05-05-2020 à 21:16:00

Depuis quelques jours circulent des informations sur des enfants ayant été hospitalisés pourun « syndrome de Kawasaki » peut-être lié à l’épidémie. Et tout le monde s’inquiète, alors que, jusqu’ici, on affirmait que les enfants présentaient des tableaux peu graves de covid et que certains s’apprêtent à retourner à l’école : faisons donc le point sur ces nouvelles informations.

Tout d’abord, il me semble important de vous préciser que ces informations n’avaient pas pour but d’être communiquées au public, il s’agissait de communication entre des hôpitaux anglais et français au sujet d’une vingtaine d’enfants, afin de partager des informations et d’interpréter la situation. C’est important parce qu’encore une fois information et connaissance ne sont pas la même chose et que, pour avoir une vision claire de quelque chose, il faut posséder l’ensemble des données et le recul de l’expérience.

Qu’est-ce que la maladie de Kawasaki ?

C’est une vascularite, c’est-à-dire une inflammation des vaisseaux sanguins. Elle touche essentiellement les petits enfants (80 % ont moins de cinq ans), est rare (8 pour 100 000 enfants de moins de cinq ans au Royaume-Uni, par exemple, chaque année) et touche un peu plus les garçons que les filles.

Quels en sont les signes ?

Tout d’abord une fièvre au-dessus de 38°C qui résiste aux médicaments. Elle dure plus de cinq jours et s’accompagne d’un état « irritable » (l’enfant est grognon et inconfortable). On peut observer aussi une inflammation des lèvres qui deviennent rouges, sèches et craquelées, une conjonctivite mais sans sécrétions, les yeux sont simplement rouges et gonflés, comme peuvent l’être également les mains et les pieds. Ces signes se succèdent, ils ne sont pas tous présents en même temps. Puis ils disparaissent la plupart du temps tout seuls et, quelques semaines après, on peut observer que les mains et les pieds des patients « pèlent ».

Est-ce grave ?

Oui, si on ne le traite pas, parce que chez 25 à 30 % des enfants non traités, la maladie va entraîner des problèmes cardiaques, en particulier des anévrismes des coronaires, c’est-à-dire des déformations au niveau des artères qui irriguent le coeur. C’est pour cela qu’il faut prendre en charge la maladie assez vite.

Comment la diagnostique-t-on et d’où vient-elle ?

Il n’y a pas d’examen complémentaire (analyse de sang ou radio, par exemple) qui permet de poser le diagnostic : il faut qu’un certain nombre de symptômes soient présents pour l’affirmer. On ne sait pas très bien à quoi elle est due, mais comme il y a des « pics épidémiques », c’est-à-dire des périodes limitées où on en voit beaucoup et qu’elle touche presque seulement les enfants, on pense qu’elle est liée à une infection.

On a évoqué, par exemple, le virus de l’herpès, la mononucléose, une bactérie appelée Yersinia et les coronavirus comme pouvant provoquer le syndrome de Kawasaki. Il n’y a donc pas de grosse surprise à constater que, pendant cette épidémie d’un coronavirus particulièrement agressif, il y a une augmentation du nombre de Kawasaki à l’hôpital. Cette alerte a aussi pour but de rappeler aux médecins d’y penser devant des symptômes atypiques, pour ne pas perdre de temps et se tromper de diagnostic.

Sait-on la soigner ?

Oui, grâce à des médicaments comme l’aspirine ou des immunoglobulines (des anticorps que l’on injecte pendant plusieurs jours en perfusion). On surveille évidemment très longtemps le fonctionnement du coeur des patients pour éviter les complications.

Aucun des vingt enfants hospitalisés à Paris n’est mort d’un Kawasaki, la très grande majorité est déjà sortie de l’hôpital ! Nous serons vigilants, vous serez prudents, mais pas d’inquiétude !

Docteur Anne-Sophie Biclet

Actuailes n° 115 – 6 mai 2020


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