Ce tableau est l’esquisse d’une peinture monumentale (plus de quatre mètres sur six…) que Monet avait commencée avant de l’abandonner (voir encart). Mais cette esquisse apparaît déjà très aboutie. Elle nous informe sur la manière dont l’artiste avait préparé sa composition, car le résultat final est assez fidèle à la version préparatoire.
Douze personnages, sept hommes et cinq femmes, se préparent à déjeuner dans un sous-bois. Ils sont regroupés sur la partie basse du tableau et forment comme une frise, les uns assis (voire presqu’allongé pour l’homme au premier plan), les autres debout.
Les plats sont déjà posés, une pile d’assiettes est prête, du vin accompagnera le repas. La nappe blanche est éblouissante et le peintre joue avec l’ombre et la lumière, nous laissant imaginer un ciel clair. L’atmosphère est détendue, des regards s’échangent. Rien n’est guindé, rien n’est posé, les gestes sont spontanés, comme celui de la femme qui replace son chapeau. Rien de négligé cependant, les tenues sont choisies et l’ambiance reste élégante.
Le terme « impressionnisme » apparaîtra sept ans plus tard, mais le désir de peindre sur le motif et de travailler les effets de lumière est déjà bien présent dans cette oeuvre.
N’est-ce pas ce à quoi nous aspirons tous en ce moment ? Sortir en agréable compagnie, au grand air, sous le soleil qui joue entre les feuilles, dans un parc, un jardin, une forêt, que sais-je… Un déjeuner en plein air, un pique-nique, car nous n’oublions pas qu’une part non négligeable de notre vie sociale se passe à table, pour les Français en particulier, mais chez nos voisins aussi. Pour le bonheur d’être ensemble, en famille, avec nos amis et de partager de bons moments, tout simplement.
Sophie Roubertie
Actuailes n° 115 – 6 mai 2020
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