Mon cher Armand,
Toi qui rêves d’aventures héroïques, as-tu lu ma dernière lettre sur l’Indochine ? Aujourd’hui, je voudrais te parler de deux héros qui se sont illustrés durant ce conflit. Le premier est l’un des plus grands généraux français de la Seconde Guerre mondiale et tu le connais sans doute un peu, il s’agit du maréchal de Lattre de Tassigny (1889-1952). Va relire le n° 62 d’Actuailes qui t’expliquera plus en détails la vie de ce grand personnage à la devise célèbre : « Ne pas subir. »
La seconde figure, moins connue, n’est autre que son fils : Bernard. Il est né en 1928.
Lors de l’occupation allemande, la famille de Lattre se déplace en zone libre. En 1943, lui et sa mère s’installent en Afrique du Nord, à Alger. À 16 ans, Bernard rêve de s’engager dans l’école d’officiers fondée là-bas par son père. Jugé trop jeune par la hiérarchie militaire, il s’engage comme simple soldat. Brillant et solide, il se distingue vite et choisit de servir dans la cavalerie, comme son père. Il rejoint le 2e régiment de dragons et participe au débarquement de Provence, le 15 août 1944. Remontant la vallée du Rhône jusqu’au Rhin avec son régiment, il s’illustre dans les combats et tombe, gravement blessé, devant Autun en septembre.
À dix-sept ans, le jeune Bernard est déjà un héros.
Promu officier en 1945 après un passage à l’École militaire interarmes, il rejoint la Lorraine en tant que lieutenant. À tout juste vingt et un ans, il est envoyé en Indochine à la tête de trente hommes ; il doit alors contrôler une très vaste zone, située entre Hanoï et Höi Phòng. La situation se dégrade rapidement ; et, quelques mois après son arrivée à la tête des troupes françaises, Jean de Lattre décore son fils pour ses glorieux combats. En 1951, notre jeune lieutenant prend un nouveau commandement à Ninh Bình, au nord de l’Indochine.
À la suite de l’offensive du général Giáp (vietnamien communiste) au Tonkin, le poste de Bernard de Lattre est attaqué le 29 mai. Coupé de ses arrières, l’escadron de cavalerie ne peut que tenir. Le lendemain, un violent bombardement écrase la position française. Bernard est transpercé de quatre-vingts impacts. Il a tout juste vingt-trois ans. Une colonne française de secours reprit ensuite la position et put récupérer les corps de ses camarades. Un hommage national organisé par son père (!) lui fut rendu aux Invalides, puis il fut enterré dans le village des siens, à Mouilleron-en-Pareds, en Vendée. C’était il y a bientôt soixante-neuf ans…
« Ne pas subir ! » Qu’à leur exemple ce soit ton combat pour le bien et la vérité.
On ne lâche rien !
Je t’embrasse,
Tante Cécile
Actuailes n° 116 - 20 mai 2020
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