Le collectif Justice pour Adama bénéficie aujourd’hui d’une grande publicité dans les médias. Conséquence : le travail de la police est décrié. Les policiers seraient racistes, violents,en bref, indignes de la confiance que leur fait l’État. Qu’en est-il vraiment ?
Lundi 8 juin dernier, Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur et « premier flic de France », a évoqué la possibilité de suspendre un agent de police en cas de « suspicion avérée » de racisme. Cette hypothèse a enflammé la colère des policiers, car elle engendre une présomption de culpabilité pour les policiers et fait le jeu de ceux qui se proclament « anti-racistes » et accusent la police de violences perpétuelles.
Pourtant, aujourd’hui, la police doit composer avec des règlements particuliè-rement stricts. De plus en plus de méthodes d’interpellation leur sont interdites à cause des plaintes et des
accusations de violences policières. Ainsi, au début de l’année, un jeune homme est mort en fuyant une interpellation. Il conduisait un scooter sans casque et s’est enfui en voyant des policiers. Ces derniers ont donc bloqué la route pour stopper sa fuite, l’objectif étant qu’il s’arrête. Pour s’échapper, l’interpelé s’est déporté sur le trottoir, se précipitant ainsi sur un poteau, contre lequel il a trouvé la mort. Depuis lors, la course poursuite est interdite aux policiers, qu’il s’agisse de poursuivre un véhicule ou un deux-roues.
Dans l’affaire Adama, la famille affirme qu’il est mort à la suite d’un étranglement. La clé d’étranglement devrait donc être interdite lors des interpellations. Si toutes les interpellations se passaient bien, avec des individus qui obéissent immédiatement aux forces de l’ordre, pareilles mesures ne seraient pas gênantes. Mais tel n’est pas le cas. Certains au mieux s’enfuient, au pire agressent les policiers. Dans ces conditions, ces interdictions pourraient être dangereuses, non seulement pour les forces de l’ordre, mais aussi pour les populations qu’ils cherchent à protéger.
Difficulté supplémentaire pour la police, les zones de non-droit, zones où certaines bandes interdisent aux policiers d’agir sous peine de représailles. Le clan Adama fait partie de ces bandes, qui terrorisent les habitants de la ville et attaquent les forces de police. Enfin, certains policiers d’origine africaine sont accusés de trahison s’ils ne prennent pas parti pour les victimes présumées de « violences policières », c’est-à-dire contre la police.
Dans une tribune publiée par le journal Marianne, soixante policiers « issus de la diversité » dénoncent les injures régulières des « anti-racistes ». Ils concluent cette tribune en expliquant qu’il y a effectivement certains policiers racistes, non parce que ce métier est raciste mais parce que « la police est à l’image de toutes les couches de la société qu’elle sert ». Autrement dit, il y a des généreux, des génies, des orgueilleux, des philosophes… et des racistes, absolument partout. Y compris dans la police.
La police comme institution ne saurait être raciste : le code de déontologie de la Police nationale demande aux policiers « loyauté envers les institutions républicaines, intégrité, impartialité, aide et assistance aux personnes même en dehors de leur temps de service, devoir de réserve, secret professionnel, etc. » Tout manquement à ces principes et règles expose à des sanctions disciplinaires et des poursuites pénales. En contrepartie, l’État a le devoir de protéger ses agents, leurs proches et leurs familles. En effet, plusieurs milliers de gendarmes et policiers sont agressés chaque année.
L’Inspection générale de la police nationale
En 2019, le nombre d’enquêtes que l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) a dû mener a augmenté de 24 %. Cela ne signifie pas forcément que les violences policières sont plus nombreuses, cela signifie qu’il y a davantage de plaintes.
L’IGPN recense, depuis 2018, le nombre de personnes tuées ou blessées à l’occasion de missions de police. Ces événements ne sont pas forcément liées à des violences policières : si une attaque terroriste est soldée par la mort du terroriste, il s’agit de défendre son pays.
Sur les 19 décès enregistrés en 2019 par l’IGPN, un tiers « résulte du comportement direct du particulier ou de son état physique (problème de santé, malaise généré par l’alcool ou les stupéfiants, etc.) ». C’est cette hypothèse qui est avancée pour la mort d’Adama Traoré, qui serait mort à cause d’une insuffisance cardiaque et de la présence de cannabis dans son organisme, non à cause d’un étranglement par les policiers. 6 de ces 19 décès ont été causés par l’usage de l’arme individuelle d’un policier.
Concernant l’utilisation des lanceurs de balles de défense (ou LBD) et des grenades de désencerclement, elle a largement augmenté depuis 2017. Un constat que nuance le rapport de l’IGPN en soulignant le fait que l’année 2018 était « hors norme », du fait des manifestations des Gilets jaunes et de celles des lycées.
Adélaïde Hecquet
Actuailes n° 118 – 17 juin 2020
Actuailes 2024 © Tous droits réservés. Conditions d'utilisation with & by Website-modern - Se connecter