Face à une crise économique inédite depuis la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement français décide de recourir massivement à l’emprunt pour relancer la croissance.
15 milliards d’euros pour le secteur de l’aéronautique, 18 milliards pour le tourisme, 8 milliards pour l’automobile… Pour faire face à la crise économique liée à la pandémie, l’État multiplie les plans de relance pour atteindre un montant de 460 milliards d’euros, soit près du quart de la richesse produite en France sur une année !
Pour financer ces plans de relance, l’État dispose de trois leviers : il peut faire des coupes budgétaires, c’est-à-dire réduire ses dépenses. Il peut augmenter les impôts, pour accroître ses recettes. Et il peut emprunter de l’argent auprès de créanciers.
Dans le cas présent, le gouvernement ne s’est pas engagé sur les deux premiers leviers mais plutôt sur celui de l’emprunt et donc de la dette. L’État emprunte ainsi de l’argent auprès des banques, qui obtiennent en contrepartie des « bons du Trésor », c’est-à-dire des contrats où l’État s’engage à rembourser le prêteur à plus ou moins long terme. Et les banques qui prêtent de l’argent à l’État revendent généralement à leur tour ces bons à des investisseurs, disposés à prêter de l’argent à la France en échange d’intérêts rémunérateurs ou du moins d’un placement sûr. Ces investisseurs peuvent être des États étrangers, des banques, des compagnies d’assurance ou des fonds d’inves-
tissement. C’est ce qu’on appelle les marchés financiers.
Ces plans de relance exceptionnels vont accroître la dette de l’État français. Elle pourrait s’envoler en 2020 à plus de 120 % du Produit intérieur brut (PIB). Cela signifie que la richesse produite en une année en France ne peut rembourser en totalité la dette du pays. Sachant que le déficit, qui mesure le trou dans le budget annuel de l’État sur une année (quand les recettes sont inférieures aux dépenses), devrait atteindre 11 % du PIB à la fin de l’année.
Mais ce mécanisme n’est pas sans risque. Tout repose sur la confiance que les prêteurs ont dans l’État et dans sa capacité à rembourser ces emprunts. Si la confiance s’érode, les investisseurs peuvent soit ne plus prêter ou exiger des intérêts plus importants, ce qui aurait pour effet d’accroître davantage la dette de l’État et pourrait déclencher à terme un défaut de paiement. Le gouvernement mise sur la croissance et sur des taux d’intérêt faibles pour augmenter les recettes de l’État via la relance de la consommation et des exportations, condition pour rembourser ses emprunts et diminuer la dette.
Mikaël de Talhouët
Actuailes n° 118 – 17 juin 2020
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