Certains d’entre vous auront vu le téléfilm Apprendre à t’aimer diffusé mardi dernier. Les chiffres de l’audimat sont réjouissants : plus de 3,8 millions de personnes ont préféré s’intéresser à la trisomie 21 plutôt qu’au football ! Avec la possibilité du « revisionnage », c’est encore plus de spectateurs qui vont changer leur regard sur cette anomalie chromosomique.
Le dernier film d’Éric Toledano et d’Olivier Nakache a la même ambition mais avec plus de moyens. Avec leur caméra et deux têtes d’affiche (Vincent Cassel et Reda Kateb), ils vont porter votre attention sur l’autisme ou plus exactement sur la prise en charge de personnes souffrant de forme d’autisme assez sévère.
En France, de nombreux instituts publics ou affiliés s’efforcent de veiller sur ces patients en proposant des solutions de soins et d’éducation : IME, CJAM, ARS… Autant d’acronymes mystérieux qui cachent toutefois une terrible réalité : le service public ne peut pas répondre à la demande et des initiatives privées, multiples, sont devenues indispensables. Comme celle de Stéphane Benhamou et de Daoud Tatou. Ces deux hommes ont vu leur travail menacé puis reconnu par les autorités de santé. Hors Normes, c’est donc l’histoire de malades difficiles à accompagner et d’éducateurs qui acceptent de sacrifier parfois leur vie privée pour les aider, pour ne pas laisser les parents désemparés.
Connu du grand public depuis 2006 avec Nos Jours heureux, Intouchables (2011) ou encore Le Sens de la fête (2017), ce tandem de réalisateurs laisse apparaître film après film leur marque de fabrique qui est un mélange d’humour et de tendresse, mâtiné d’une vision un peu béate d’une société multi-culturelle à la française où règnent les bons sentiments : des feel good movies…
Mais les réalisateurs ont voulu aller plus loin et ont tourné avec de véritables malades souffrant d’autisme, dont Benjamin Lesieur (Joseph), avec de vrais éducateurs, et la plupart des scènes filmées sont inspirées de faits réels. La première séquence en caméra portée plonge immédiatement le spectateur dans l’âpreté, la violence de ce quotidien.
Et au-delà des apparences (et de l’inutile bluette entre un apprenti éducateur et une orthophoniste), le film éclaire l’inadéquation de jeunes défavorisés au monde du travail, un aspect assez inédit dans le cinéma français, soulignant de fait que la violence n’est pas une réponse et que l’attention portée à plus fragile que soi nous rend dignes. Souhaitons que ce cinéma puisse toucher un très large public et plaider ainsi la cause de tous les handicaps !
Catherine Bertrand
Actuailes n° 119 – 16 septembre 2020
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