La Suisse vote pour l'achat de nouveaux avions de combat

Dimanche dernier, les Suisses ont validé par « votation » (c’est-à-dire par référendum) l’achat de nouveaux avions de chasse pour leur armée. Avec tout juste 50,1 % des voix pour, le référendum entérine donc le projet du Conseil fédéral de renouveler la flotte des Forces aériennes suisses pour un coût de 6 milliards de francs suisses (CHF).

Ce type de référendum est une spécialité de la démocratie suisse : dès qu’une pétition citoyenne sur un problème donné atteint un certain nombre de signatures, alors le sujet doit être obligatoirement tranché par référendum et pourra ainsi modifier la loi. Cette votation sur les avions de chasse avait été initiée par les partis socialistes et écologistes qui militaient contre le nouvel avion, tandis que les différents partis de droite soutenaient le projet.

Pays neutre depuis des siècles, la Suisse ne participe à aucune alliance militaire ni diplomatique ; elle est ainsi restée à l’écart des deux guerres mondiales qui ont ravagé les nations européennes. Mais la neutralité implique de maintenir une force suffisante pour ne pas se faire envahir ; c’est pourquoi l’armée suisse est bâtie sur un système de milices, où les citoyens âgés de 18 à 30 ans ont en principe l’obligation de faire un service militaire et des périodes de rappel par la suite.

Le sujet du renouvellement des avions n’est pas nouveau et avait déjà été retardé en 2014 ; à l’époque, le projet consistait à acheter vingt-deux avions Gripen suédois et il avait été rejeté par référendum par 53 % des votants. Les arguments des opposants n’ont entretemps pas changé ; la dépense est importante, pour un espace aérien de taille très modeste. Pourtant le problème devient urgent ; les Forces aériennes suisses ne disposent à ce jour plus que de vieux avions américains totalement dépassés (une trentaine de F18 Hornet et quelques F5 Tiger pour l’entraînement) qui ne pourront plus voler à partir de 2030.

Mais quel sera alors ce nouvel avion ? Le Conseil fédéral choisira début 2021 parmi les modèles de génération récente comme l’Eurofighter de l’Européen Airbus, le F35 américain ou le Rafale du Français Dassault. Les commandes seront ensuite livrées jusqu’en 2030 avec une fabrication qui devra se faire à 60 % localement – afin de soutenir l’industrie suisse de haute technologie.

Pour ce référendum (comme pour toutes les autres « votations » dont les Suisses ont une pratique régulière), il est à noter que le site officiel du département fédéral de la Défense a exposé les arguments des deux camps opposés avec une clarté et un respect absolument exemplaires. Une voie à suivre pour beaucoup de démocraties européennes.

Siegfried