L’entreprise japonaise de pneumatiques a annoncé le 16 septembre la fermeture à venir de sa plus grande usine européenne.
L’annonce a fait l’effet d’un coup de tonnerre médiatique. Menaçant l’existence de 863 emplois dans l’usine de production de Béthune, située dans le Pas-de-Calais, cette décision portée par la direction du premier manufacturier de pneumatiques mondial suscite l’indignation de la part des salariés de l’usine, des habitants et de la classe politique. Cette usine existe depuis plus de cinquante ans et assure une production, 24 heures sur 24, de 16 000 pneus par jour, faisant d’elle la première usine européenne de l’industriel japonais, qui emploie en France 5 000 personnes pour un chiffre d’affaires sur le marché hexagonal de près d’1 milliard d’euros.
Au-delà du drame social que peut engendrer une telle décision, il est intéressant de se pencher sur les raisons qui poussent la direction de l’entreprise nippone à fermer le site de Béthune. Le premier argument porte sur la surcapacité de production de l’usine. En clair, cela veut dire que la production excède les besoins, c’est-à-dire la demande de pneumatiques Bridgestone sur le marché français, particulièrement sinistré à cause de la pandémie de
covid-19. Le second argument, qui est lié au premier, porte sur la concurrence des pneus de marque asiatique. En effet, les entreprises chinoises notamment sont en mesure de produire des pneus certes de moins bonne qualité mais beaucoup moins chers que les pneus produits en France. Sont en cause le coût du travail et la valeur du yuan (monnaie chinoise) plus faible que l’euro et qui permet à l’empire
du Milieu d’exporter en masse ses produits
manufacturés.
Mais cette annonce de fermeture d’usine à Béthune n’est pas un cas isolé. Les concurrents de Bridgestone ont pris des décisions similaires ces dernières années : le manufacturier allemand Continental avec la fermeture d’une usine dans l’Oise en 2010, l’américain Goodyear à Amiens en 2014 et plus récemment encore, la fermeture d’un site du manufacturier français Michelin à la Roche-sur-Yon.
Mickaël de Talhouet
Actuailes n° 120 – 30 septembre 2020
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