Le 27 septembre, les Éthiopiens orthodoxes ont participé avec ferveur à la célébration de Meskel.
Cette fête très ancienne, inscrite au patrimoine immatériel de l’humanité de l’UNESCO, commémore la découverte de la vraie croix (Meskel dans la langue amharique) sur laquelle Jésus-Christ a été crucifié. C’est l’impératrice Hélène, la mère de l’empereur romain Constantin qui découvrit le précieux bois de la croix, à Jérusalem. Mais pour cela, il lui fallut l’aide d’un songe qui l’invitait à allumer un grand feu afin que la fumée lui indique l’emplacement de la croix, enfouie sous la terre.
Ainsi découverte par Hélène, la croix fut volée par les Perses mais récupérée par l’empereur byzantin Héraclius qui la partagea en trois parties : l’une fut envoyée à Rome, l’autre à Byzance tandis que la partie principale restait à Jérusalem. Malheureusement perdue par les Croisées au cours de la bataille d’Hattin en 1187, cette dernière fut rachetée aux musulmans par l’empereur d’Éthiopie David Ier (c. 1350-1413). Après tant de péripéties, la sainte relique fut placée et sévèrement gardée dans le monastère de Gishen Mariam, à 3 000 mètres d’altitude, où de grandes foules viennent toujours en pèlerinage de toute l’Éthiopie pour la vénérer. La fête de Meskel marque aussi la fin de la saison des pluies, le retour de la belle saison et du soleil brûlant. La Croix, lumière du monde !
À Addis-Abeba, capitale de l’Éthiopie, les rues sont pavoisées aux couleurs vert, jaune et rouge de l’Éthiopie. Les ronds-points sont décorés de grands portraits de la Vierge Marie et de Jésus. À Addis-Abeba mais aussi partout dans les quartiers des villes et des villages, on monte de grands bûchers, les demera, surmontés de croix tressées et fleuries de jolies « fleurs jaunes de Meskel » qui ne poussent qu’en cette saison.
Dans la capitale, les processions colorées de prêtres et de fidèles avec des torches arrivent de toutes les directions de la ville sur Meskel square. Ils entourent ensuite les croix érigées sur les demera et y mettent le feu tout en chantant des chants religieux. Ils remercient le ciel pour la saison des pluies et accueillent avec des prières le printemps, le renouveau de la nature. C’est là que l’on découvre la joie de ces gens, qui souvent n’ont pas grand-chose et qui vous offrent tout, avec le sourire ; ils vous invitent, vous l’étranger, à partager le pain et le tala, la bière locale. En
famille, dans la rue, dans les cours des maisons, les chants s’élèvent dans la nuit en même temps que les flammes immenses et chaudes des
bûchers de Meskel.
Melkam Meskel ou, pourrai-je dire, joyeux Meskel, comme on dirait joyeux Noël !
Anne-Catherine David
Actuailes n° 120 – 30 septembre 2020
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