Ces derniers jours, trois événements distincts sont venus rappeler que l’indépendance énergétique est d’une importance capitale pour garantir aux Européens la liberté et la sécurité.
Parlons tout d’abord d’hydrogène
Le Royaume-Uni vient de lancer les tests de son premier train à hydrogène, qui a roulé sur des voies ferrées régulières. Le pays teste en parallèle une autre technologie avec le Français Alstom qui est également très en pointe sur les trains à hydrogène en Italie. Le but est de convertir les trains anglais existants en les dotant de propulsion à hydrogène dès 2023 !
Les initiatives autour de l’hydrogène se multiplient partout en Europe depuis que la Commission européenne a fait de cette technologie une priorité majeure de son grand plan de relance post-coronavirus. L’Allemagne a annoncé investir 10 milliards d’euros, la France 7, l’Espagne 9... De quoi voir enfin émerger cette énergie connue depuis longtemps (Jules Verne la décrivait déjà dans 20 000 Lieues sous les mers !) mais encore jamais vraiment mise en œuvre.
Après l’hydrogène, le propergol
Le 7 octobre dernier, à Kourou en Guyane, Ariane Group a réussi le dernier test du futur propulseur de la nouvelle fusée Ariane 6. Baptisé P120C, il a fonctionné pendant cent trente secondes et brûlé cent quarante-deux tonnes de propergol, soit plus d’une tonne par seconde ! Le succès de ce troisième test ouvre la voie au lancement d’Ariane 6 en 2021, une fusée qui aura couté 3,6 milliards d’euros à l’Agence spatiale européenne.
Maintenant que la Chine et l’Inde sont des puissances spatiales et que les États-Unis ont créé une Space Force pour « dominer militairement l’espace », Ariane 6 devient un élément essentiel pour garantir un accès indépendant des Européens à l’espace.
Le gaz enfin
La Pologne a annoncé infliger une amende à Gazprom, la société gazière russe qui gère le projet de gazoduc NordStream2. Ce pipeline colossal doit acheminer le gaz russe vers l’Allemagne, en passant sous la mer Baltique.
S’il est très stratégique pour la sécurité énergétique de l’Europe de l’Ouest, NordStream2 est en revanche très redouté par les États-Unis.
Ceux-ci veulent en effet vendre leur propre gaz de schiste aux Européens et tentent depuis des années de saborder le projet. En 2019, ils ont voté une loi punissant financièrement les entreprises non américaines du chantier et incitent certains pays européens comme la Pologne à le retarder par tous les moyens. NordStream2, finalisé à 95 %, est donc paralysé par les décisions d’un État non européen et son avenir reste pour l’heure incertain.
On le voit, l’énergie est notre avenir… alors économisons-la et surtout travaillons à doter l’Europe d’une véritable indépendance en la matière.
Siegfried
Actuailes n°121 - 14 octobre 2020
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