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Le reconfinement : pourquoi cette réponse ?

Le reconfinement : pourquoi cette réponse ?

10-11-2020 à 18:11:00

Depuis vendredi 30 octobre, le gouvernement a ordonné un reconfinement national pour endiguer la « deuxième vague » de covid-19. Cette mesure, au départ mesure d’urgence, semble maintenant être la principale porte de sortie du gouvernement.

Tout l’été, le gouvernement et certains personnels de santé se sont succédé sur les plateaux télé pour mettre les vacanciers en garde contre la « deuxième vague ». Entre les festivals, les retrouvailles familiales et les voyages, elle devait être inéluctable. C’est finalement à la mi-octobre que l’on a vu poindre cette deuxième vague, matérialisée par la recrudescence des décès et des cas hospitalisés ou en réanimation.

Aujourd’hui, les personnes atteintes de la covid-19 hospitalisées, en réanimation ou même décédées augmentent chaque jour. Nous sommes passés d’une moyenne d’un peu moins de cent décès par jour en septembre à cinq cents.

Des chiffres à remettre en perspective

Le premier confinement avait été mis en place pour désengorger les hôpitaux et les services de réanimation. Ces services sont toujours pleins, tous les lits sont occupés, mais la situation est considérée comme critique lorsque plus de 30 % de ces lits sont pris par des malades atteints de la covid-19. En effet, cela signifie que l’hôpital ne peut plus prendre en charge les autres malades et blessés dans le besoin. En France, tous les départements affichent actuellement des services de réanimation saturés, excepté la Vienne (23 %). C’est principalement pour cette raison que le gouvernement a mis en place le deuxième confinement.

Le deuxième point d’attention est le nombre de morts. Il faut cependant avoir à l’esprit que 91 % de ces personnes malheureusement décédées ont plus de soixante-cinq ans. Olivier Véran, ministre de la Santé, étudie donc la possibilité de confiner les personnes âgées, c’est-à-dire à risque, afin de laisser sortir le reste de la population.

Le savais-tu?

Les personnes fragiles sont aussi celles atteintes de « comorbidité ». La comorbidité est l’association de deux maladies sans que l’on sache vraiment pourquoi.
Cette notion n’est pas propre à la covid-19. Pour la grippe par exemple, on sait que les malades sont plus susceptibles de mourir s’ils sont en outre atteints d’une affection pulmonaire. C’est là la différence de traitement entre la grippe et la covid. Lorsqu’une personne atteinte de comorbidité et de la grippe meurt à l’hôpital,
elle n’est pas enregistrée dans les statistiques de décès de la grippe. Pour la covid, c’est l’inverse… et 90 % des personnes décédées étaient atteintes de comorbidité.

 

Le confinement, un remède pire que le mal ?

Si le confinement peut diminuer la propagation du virus, ses inconvénients sont légion.

Tout d’abord, le plus évident, l’argument économique. Les mesures successives du gouvernement ont mis à genoux nombre de commerces. Ainsi, entre le confinement, la fermeture obligatoire des restaurants et des bars à 22h, puis le couvre-feu à 21h, et enfin
le reconfinement, sans compter les différentes
mesures de distanciation sociale, les bars et restaurants ont beaucoup perdu. Témoin ce gérant de restaurant près du Pont-Neuf, à Paris : « On ne s’en sort pas du tout. On tourne à perte, on ne survit que grâce aux bénéfices de 2019. Moi, ça va, je suis
là depuis quinze ans, c’est une affaire qui tourne, mais pour ceux qui se sont lancés l’an dernier, c’est une catastrophe. »

Les bars et restaurants ne sont pas les seuls à souffrir, non pas directement de la covid-19, mais des mesures proposées. Les Français eux-mêmes en souffrent. Ils sont confrontés à la masse d’informations anxiogènes sur le nombre de cas, de morts, d’hospitalisations, la peur d’être contaminés ou de perdre un proche, la douleur des deuils et l’absence presque totale de relations sociales. Conséquence, les médecins constatent de plus en plus de patients anxieux, insomniaques, stressés, voire dépressifs. Le taux d’anxiété de mars 2020 représente le double de celui observé en 2017. Les chercheurs de Santé publique France ont listé les facteurs comportant un risque élevé d’anxiété. Sont plus touchés les femmes, les parents, les personnes en situation financière précaire, mais aussi les télétravailleurs. Enfin, les personnes qui considèrent la covid-19 comme une maladie grave et se sentent vulnérables sont plus sujettes à l’anxiété. Les 18-30 ans sont les plus touchés.

Pour différentes raisons, les médias choisissent de braquer leurs projecteurs sur certains chiffres particulièrement importants ou sur certains hôpitaux surchargés. Il est très difficile d’envisager la crise sanitaire dans son ensemble, mais l’une des façons d’essayer est de comparer les chiffres. Par exemple, on peut dire que 27 000 personnes sont décédées de la covid, mais ce chiffre concerne les morts depuis le début de l’épidémie. On compte 304 morts en une journée le 8 novembre. Or, en France, selon l’Insee, on compte 1 800 morts par jour en hiver, voire plus de 2 000 lors des grippes saisonnières, comme en janvier 2017. Depuis 2015, cette augmentation des morts commence en octobre.

Adélaide Hecquet

Actuailes n° 122 – 11 novembre 2020


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